"Je l'aimais" de Zabou Breitman
Distribué par Liberty Production
En quelques mots : En une nuit Pierre va partager avec sa belle fille Chloé, ce grand secret qui le hante depuis 20 ans. Un secret qu’il n’a jamais pu avouer à qui que ce soit. Celui qui le mit face à lui-même, ses contradictions, ses choix, son rôle d’homme et ses sentiments. Ce secret s’appelle Mathilde…
- en 2 mots : amour & choix
- en 1 question : conserver ce que l’on a ou découvrir ce que l’on pourrait avoir ?
SPOILER
MINIMUM
« Je
l’aimais » de Zabou
Breitman est l’adaptation du très beau
roman du même nom d’Anne Gavalda. Lu et dévoré il y a quelques années, le souvenir
du livre est immédiatement remonté avec les premières images du film. Je
n’aurais pas imaginé un tel casting et pourtant quelle bonne idée !
« Je
l’aimais » c’est l’histoire d’un amour, de deux amours. L'un qui se termine et l'autre qui plane sur le héros depuis 20 ans... Mais surtout
l’histoire d’un choix entre le confort et l’inconnu. Un choix entre l’habitude
et la passion…
L’amour
domine clairement ce film. L’amour de soi, l’amour des siens, l’amour de
l’autre… Mais il évoque également les surprises qu’il peut réserver et donc les
multiples formes qu’il peut prendre et parfois, souvent, de manière inattendue.
Alors qu’il prend soin de sa belle-fille, Chloé, que son fils vient de quitter, Pierre va se confier pour la
première fois sur l’amour de sa vie. Et contre toute attente, ce n’est pas la
mère de son fils…
A
coup d’alternance entre passé et présent, les variations de temps de narration
s’emboitent sans jamais nous perdre et reste tout en équilibre. Zabou Breitman
nous raconte l’histoire de Pierre grâce à la
voix de Pierre qui du présent nous plonge dans les images du passé, qui remplacent en douceur celle du présent. Une forme de narration idéale pour nous parler de l’histoire de Pierre
et Mathilde qui se rencontrent en Chine alors que Pierre fait une démonstration
commerciale. Rien d’impossible jusqu’ici, mais Pierre est marié depuis des
années à Suzanne…
C’est le coup de foudre, une évidence… Mais autant Mathilde
est une jeune femme libre, décidée et indépendante, autant Pierre, lui est un
homme qui prend son temps, organisé et qui souhaite toujours bien faire pour
tous quitte à faire passer le bien-être des autres avant le sien. Mais cette
rencontre va le bouleverser comme jamais. Comme si il se réveillait, se
révélait à lui-même…De silencieux et à l’écoute, il devient bavard et enjoué… Au
départ, une histoire d’amour à distance, Pierre va finir par devoir faire un
choix entre sa vie présente et celle qu’il pourrait avoir avec Mathilde. Entre
confort et inconnu, il va alors accumuler les maladresses...
Auréolé
d’une très belle BO, au faux air de « Je vais bien ne t’en fait pas »,
« Je l’aimais » nous emmène dans une valse des sentiments. Telle une
valse, le début est un peu lent, on ne sait pas bien ce que l’on fait là. On
découvre Chloé, une jeune femme profondément déprimée… Son homme est-il
mort ? est-il parti ? Accompagné de son beau-père et de ses petites
filles elle part à la montagne pour prendre un peu de recul… Mais à l’occasion
d’une dispute avec son beau-père, elle va découvrir lors d'une nuit de confidence que
même si l’amour peut faire mal, il réserve néanmoins quelques surprises…
Un
échange dans le sens propre comme au figuré… Pour la première fois Pierre, cet
homme si silencieux parle face à la seule femme qui sait l’écouter. Les
échanges entre Daniel Auteuil (Pierre)
et Florence Loiret Caille (Chloé) sont excellents ! Que ce soit dans leurs
dialogues ou simplement leurs gestes du quotidien. Daniel Auteuil est merveilleux
comme d’habitude. Jusque dans ses silences… Et Florence Loiret Caille est une
vraie belle découverte. Quant à Marie Josée Croze (Mathilde) elle est lumineuse. On tombe, tout comme
Pierre très rapidement sous son charme…
Femme
volontaire et courageuse elle n’est jamais dans le confort et dans le
quotidien. Elle est passion…Tout le contraire de Pierre… Et même temps chacun
trouvant l’un dans l’autre un équilibre…Et lorsque l’un domine l’autre se perd…
Un
film décidément triste, c’est toujours triste un amour qui s’éteint, mais il reste un film plein d’espoir sur le thème : « Tu ne sais
pas ce que te réserve demain. ».
« Je
l’aimais » nous rappelle que l’amour c’est avant tout aimer l’autre, aimer les risques et l’inconnu que cela implique. Car aimer c’est le risque
de ne pas savoir ce que sera demain. L’amour c’est faire attention à l’autre avant de
faire attention à soi. L’amour c’est aimer l’autre avant soi. Mais l’amour c’est aussi ne pas oublier qu’un jour on s’est aimé et laisser partir l’autre.
L’amour c’est le bonheur de partager ce que sera demain ensemble…
L’amour c’est le bonheur de partager ce que sera demain ensemble…
Un
film délicat a regarder pour faire le point, pour se souvenir que l’amour n’est
que choix. Que ce soit lorsqu’un amour s’éteint ou lorsqu’il vient de surgir…
En bref : sensible, sincére et un peu lent. Il pointe la pudeur des sentiments et la difficulté du choix entre le confort & l'inconnu... Très belle BO
Morceaux choisis / Citation :
« J’ai aimé une femme, je suis tombé amoureux comme on attrape une maladie, sans le vouloir. Et puis je l’ai perdu de la même manière. Elle s’appelait Mathilde… »
P'tites infos + (source):
Un film plein d'humanité
A travers Je l'aimais, Zabou Breitman retrouve un thème qui lui est cher, également présent dans ses précédentes réalisations Se souvenir des belles choses et L'Homme de sa vie, à savoir l'humanité qui surgit là où on ne l'attend pas. "On perçoit l'humanité quand précisément elle est où on ne l'attend pas, confie la cinéaste. C'est toujours l'heureuse surprise de l'humain qui se révèle qui nous touche. Au bout du compte, quel que soit le film qu'on fasse, on ne raconte qu'une seule histoire : celle des sentiments, et de la métamorphose."
Filmer les femmes
Zabou Breitman explique comment elle a filmé les femmes présentes dans le film : "Je voulais qu'elles aient toutes un moment à elle. Je voulais leur plan fragile, vibrant, comme si on était là un peu par hasard. Que l'on s'approche d'une scène improvisée, par le jeu ou la caméra à l'épaule, pour favoriser l'imprévu, l'accident. Je voulais que l'on flotte sur leur visage, que l'on ait le temps de les regarder, de les aimer, sans imposer un cadre trop défini. Le regard de ces femmes est important. C'est particulièrement vrai pour Chloé... Avec le chef opérateur, Michel Amathieu, nous avons parlé souvent de ce point de lumière dans les yeux. Ce sont des grandes histoires d'amour et de chagrin. Les yeux brillent, les gens pleurent, écoutent, on est là, tout proche : le regard est très présent. Le regard et l'écoute."
Adaptation du roman d'Anne Gavalda
Tres beau recit qui m'a donne la chair de poule.
RépondreSupprimerLivre a decouvrir tout autant que le dvd!
Cette phrase me trouble: "Mais l’amour c’est aussi ne pas oublier qu’un jour on s’est aimé et laisser partir l’autre"
Laisser partir l'autre.....c'est si difficile a faire!!
Très difficile... Partir c'est aussi aimé l'autre, le respecter, être honnête. Et le laisser partir c'est faire son bonheur avant le sien... Complexe certes...
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