jeudi 31 mai 2012

[Evenement] Séance spéciale "Cosmopolis" au Grand Rex avec David Cronenberg et Robert Pattinson

Hier soir avait lieu au Grand Rex 
la séance exceptionnelle de "Cosmopolis" 
en présence de David Cronenberg et Robert Pattinson !
Retour en images sur cette soirée !

 
 
 
 
 
 
David Cronenberg arrive donc en 1er répond en français SVP à chaque question posée
 
 
  
Et Robert Pattinson est là !
 
 
 
 
 
 
 
 

  
 
Elle est floue mais c'est pas grave !! <3<3<3
  

 
 
"L'amour au premier regard" dira-t'il.... ^^

Un moment bien trop court, mais à rajouter dans mes souvenirs "ciné" <3<3.
Un David Cronenberg souriant, posé, plein d'humour, un Robert Pattinson égal à lui même humble, drôle, toujours un mot gentil pour les français et surtout cinéphile averti en témoigne sont top 3 d'actrices françaises : Juliette Binoche, Catherine Deneuve (joli accent ^^) et Isabelle Huppert. Blonde, brune, rousse pour tous les goûts, pas de jalouse. Très touchée par son double "Amazing" lorsqu'il a rejoint David sur scène...

Des questions réponses très rapides, à peine 10mn bien dommage et bien frustrant, mais pour une fois les questions n'étaient pas trop standard :). Ont été abordé pour David Cronenberg, son choix de livre, son choix de casting, les scènes et passages du film qu'il appréhendait le plus et pour Robert, son rôle, leurs relations avec David. Lorsque l'animateur lui dit que David Cronenberg avait répondu auparavant que travailler avec lui était un cadeau, Robert répondra : "l'amour au 1er regard"... 

Pour la petite histoire David Cronenberg qui a joué la blague au début (avant que Robert n'arrive) avait répondu à la question "pourquoi Robert Pattinson?" par "parce qu'il n'était pas cher et disponible !" mouaahahaha je suis fan ! Et la salle aussi ! pour confirmer ensuite qu'il était bien sûr ravi de travailler avec lui, que c'était un cadeau.
Donc en bref, ont été évoqués également la collaboration de Robert avec Juliette Binoche actrice française. Il a beaucoup aimé travailler avec elle car c'est une de ces 3 actrices française préférées. Hop rebond de l'animateur, qui lui demandera son top 3, évoqué plus haut. Une question sur leurs projets futurs et sur leur prochaine collaboration, mais comme recadre Robert après avoir répondu en souriant : "on est là pour Cosmopolis, donc !" ^^. Pour finir, ils nous ont souhaité une bonne séance en espérant que le film nous plaise. David nous rappelant que le film est vraiment "funny" et qu'il faut rire ^^... (je n'ai plus la phrase précise en tête)...

Donc un moment empreint de bonne humeur, même si trop court, mais bon on ne va pas trop bouder, c'est déjà pas si mal... Place idéale, organisation pas si mal et une affiche géante en main, mais surtout le plaisir d'avoir pu croiser un soir un réalisateur de talent et un acteur à l'avenir prometteur (^^et plutôt choupinet).

A noter également une salle plutôt respectueuse lors des questions / réponses et pas trop crieuse (ouf).
Seul deux bémols, un présentateur qui visiblement a eu du mal à faire les traductions simultanées des réactions du public et des questions posées, David bilingue à priori nosoucy, mais Robert un peu perdu... Dommage... Et puis Monsieur c'est SARAH Gadon et pas Samantha... 
Et enfin 2ème bémol pour ce con qui gueule en pleine question un mystérieux et vulgaire "à poil"... et la jeune fille qui a pris une photo avec flash durant une scène de sexe WTF?? o-O et qui fut applaudit... 
Bref la salle a été clairement surprise par ce film et loin d'y adhérer quel dommage... Les rires mal à l'aise  à la pelle... re Dommage...
En tout cas j'ai pu vraiment apprécier la version VO avec le rythme et le souffle de chaque acteur. Bonheur... Et cette scène finale ! bordel cette scène finale quoi !! <3<3<3<3<3

Encore Merci au Grand Rex mais surtout à Stone Angel pour la mise en place de cette séance spéciale ;)

Rappel de mon avis sur le film : 
En bref : une adaptation littérale idéale ! Une mise en image du roman parfaite! Grande mise en scène de David Cronenberg où Robert Pattinson se révèle. Démentiel en Eric Packer. Un film qui ne peut laisser indifférent, on aime ou on déteste... A voir, laisser agir et à revoir...

mercredi 30 mai 2012

[Cinéma] 1er teaser "Les misérables" de Tom Hooper

Un premier teaser 
de la nouvelle adaptation du roman de Victor Hugo
"Les Misérables" par Tom Hooper vient d'être dévoilée !
Enjoy !

Les Misérables - Teaser [VO] par Filmosphere

UPDATE 16/10/12 : 2ème teaser : 


Les Misérables - Trailer / Bande-Annonce... par Lyricis "Les Misérables" 


Adaptation de la comédie musicale, adapté du roman de Victor Hugo donc avec : Hugh Jackman, Russel Crowe, Anne Hathaway, Eddie Redmayne, Amanda Seyfried, Helena Bonham Carter, Sacha Baron Cohen, Colm Wilkinson. 


    Sortie le 20 février 2013
    Distributeur : Universal Pictures International France

    "Les Misérables" de Victor Hugo




    lundi 28 mai 2012

    [Cinéma] "De Rouille et d'Os" de Jacques Audiard

     

    "De Rouille et d'Os" de Jacques Audiard
    Distribué par : UGC Distribution

    En quelques mots : Ali se retrouve avec son fils Sam, 5 ans. Ils se connaissent à peine... Sans argent, sans ressource pour tenter de lui donner un toit, Ali décide de rejoindre sa soeur dans le sud de la France. Stephanie est elle dresseuse d’orque. Elle est belle, elle aime la vie et croisera un soir la route d’Ali qui fait le videur pour payer sa part du loyer. Il lui vient en aide,  mais elle l’ignore… Un jour pourtant elle l’appelle… Sa vie a changé, suite à un accident, Stephanie n’a plus de jambe… Ali saura l'aider sans compassion, sans faux semblant et la ramener à la vie. Et elle saura percer sa carapace et le rendre opé...
    • En deux mots : coups & vie
    • En une question : Existe-il une raison pour toute chose ? A tout malheur est bon ?

    ATTENTION SPOILERS !!


    Sortie la semaine dernière au cinéma et sélectionné au Festival de Cannes, "De rouille et d'os" est adapté du livre de Craig Davidson, « Le goût de rouille et d’os ». Sans être une adaptation littérale, Jacques Audiard en fait une merveilleuse relecture. Il délivre ici une version épurée et poétique de ce roman qui peut parfois mener à la nausée par son côté si brutal, cru et violent.

    Entre générique angoissant, flou maitrisé et gros plan naturel, Jacques Audiard, nous montre comment deux personnages marqués par la vie, s'ouvrent l’un à l’autre avec juste un peu d’attention et de respect sur ce qu’ils sont profondément. Avec beaucoup de délicatesse il nous montre toute la cruauté et la violence que peut nous donner la vie. Une histoire dure mais qui ne tombe jamais dans le mélo ou la larme facile...

    Ali est brutal, sans concession, sans gêne, sans tabou, mais franc, sincère et prêt à aider les autres. Stéphanie est belle, sûr d'elle, rayonnante pleine de vie et de passion. Elle est dresseuse d'orque et elle adore ça... Ils vont se croiser un soir, dans une boite de nuit. Il va l'aider, lors d'une bagarre mais elle va finalement l'ignorer. Et puis un jour suite à un terrible accident, elle se retrouve cloué à un fauteuil roulant, privée de jambes, éteinte. Elle va se rappeler de lui et l'appeler... Ils n'auront alors de cesse de se bousculer l'un et l'autre et de se ranimer...

    La respiration est un point primordial de ce film, comme le souffle de la vie, tantôt lent, en sommeil, tantôt saccadé et fort, sensuel et intense, ou court et rapide alors qu’ils ont peur ou qu’ils sont dans l’action… Toujours un souffle, une respiration présente à l'écran sans être omniprésent il vient marquer les esprits et les instants clés de ce film vraiment pas comme les autres.
    Jacques Audiard réussi à insuffler de la poésie dans des plans empreint de violence. La lumière, la musique, la lenteur et le ralenti des choses… Le vent et le soleil amenant leur présence salutaire… Tout simplement sublime…

    Ne chercher pas les passages du livre, ils n’y sont pas, juste l’essence, juste l’adn, la chair et le sang du livre. Deux nouvelles, "Un goût de rouille et d'os" et "La fusée" sont mélangées et agrémentées de la patte du réalisateur et du génial scénariste Thomas Bidegain. Ben du livre devient Stéphanie, il ne perd pas une jambe, mais deux, Eddie devient Ali, Sam n’est plus son frère mais son fils… Et Jacques Audiard décide de croiser leurs vies. Des idées judicieuses. Ils vont ainsi tout deux, ensemble, renaitre aux autres… Eprouver leurs sentiments ensemble…
    Tout comme le livre, il laisse un goût de sang en bouche, une empreint en nous, le goût de la souffance. Comment rester insensible à ce qui défile devant nos yeux ? Comment imaginer ce qu’ils traversent ? Comment ne pas être toucher par la volonté d’Ali de normaliser Stephanie malgré son handicap? comment ne pas aimer Stephanie qui se relève grâce à Ali et sa franchise et sa délicatesse ? Son côté nature, sans gène et sans tabou tire forcément le sourire. « Je suis opé » peut devenir une réplique culte ^^.
    Il l’a ramène à la vie, à la normalité et elle l’adoucit et le touche.
    Enfin comment ne pas être touché par la relation père fils d'ali et Sam, maladroite et qui se dégrade, jusqu'à Sam qui n'appellera plus son père papa… Puis à nouveau se retrouver…

    Les interprètes sont merveilleux de naturel… Marion Cotillard est démentielle et absolument épatante dans son jeu si fragile. Elle est merveilleuse en Stéphanie. Quel jeu… Si déstabilisée et si belle dans son naturel… Sublimée par la caméra de Jacques Audiard, sans aucun artifice. Bouleversante et gros coup de cœur pour moi dans la scène de retrouvaille avec l’orque, terriblement émouvante dans ce silence, ce dialogue et cette musique qui monte en douceur… Ou encore sur sa terrasse à danser sur du Katy Perry… Epatante… Profondément désarmante lorsqu’elle découvre qu’elle n’a plus de jambe ou lorsqu’elle découvre ses propres sentiments…

    Matthias Schoenaerts n'est pas en reste avec un jeu brutal et sincère. Une découverte pour ma part (je n'ai pas encore vu (Bullehead), mais il est si vrai, si dur et ancré au sol. Un Ali solide comme un roc qui se fendille quand vient le sentiment. Bouleversant... Un jeu d'acteur comme on en voit pas souvent.  Le petit Armand Verdure (Sam) petite graine d'acteur est idéal dans ce fils au regard si grand... Un contrast désarmant face à ce père si fort et si grand... Les seconds rôles sont tout autant admirable et choisi avec soin.

    Un film donc sur le handicap, sur le handicap physique et émotionnel, qui oppose et lie ensemble, le handicap, la normalité et la réalité. Marqué par un jeu de respiration je l’ai déjà dit, ils semblent respirer mieux ensemble.

    A noter également les scènes de combat qui sont hyper réalistes. Ali participe à des combats amateurs (type fight club) pour arrondir ses fins de mois. La douleur et les coups, visible pour Ali, qui vient les chercher et Stephanie qui elle les subit, viendra titiller Stéphanie et la pousser à combattre le regard des autres...  Il est son moteur mais elle aussi. Là où au départ un accord tacite les lient, le partage d’un quotidien et de moments intimes viennent finalement les unir encore plus. Stephanie acceptant de l’embrasser sur la bouche uniquement après avoir partager avec lui un moment très intime. Réalité toujours...

    On assiste donc crescendo au retour à la vie et à l'amour de deux personnages, mais là où l'on pense que rien ne peut plus les séparer, tout bascule. Les petits trafics de caméra dans les magasins d'Ali avec son bookmaker conduit à faire virer sa sœur. Coupable et s’en voulant beaucoup, il fuit et par seul… Laissant derrière lui son fils et Stephanie. Il rejoint un club de boxe professionnel pour faire quelque chose de sa vie en faisant la seule chose pour laquelle il est doué : se battre. Fini les combats clandestins, à lui les vrais matchs.
    Mais lors d’une visite de son fils un événement va le bouleverser et changer sa vie… Je n'en dis pas plus, mais on ne peut que souffrir avec lui et ses poings qui se brisent...

    Jacques Audiard, nous offre un happy end qui n’est pas celui du livre, merci. Merci pour cette scène bouleversante où l’appel de Stéphanie plein de pudeur et d’amour bascule sur un petit « ne raccroche pas, ne me laisse pas » et ce dernier mot « je t’aime… » Larmes et souffle au rendez-vous. ..

    Coup de coeur également, et oui encore pour ce film qui se termine par le début du livre,  Ali nous livrant un texte fort tiré des deux premières pages. Sur ces mots des images qui se termine sur un plan final idéal qui se fond sur un générique blanc… Rare et beau…

    Reparti bredouille du Festival de Cannes, je suis certaine qu'il aura d'autres prix, d'autres faveurs, car c'est à nouveau un film qui ne peut laisser indifférent et les performances de Marion Cottilard et Matthias Schoenaerts ne peuvent qu'être saluées.


    En bref : Bouleversant, émouvant, dur, mordant, drôle, tendre, poétique... Une belle leçon de vie et de cinéma. Sublimes Acteurs, superbe Audiard. <3<3<3<3

    Morceaux choisis / Citations :

    « Je suis opé »

    « qu'on ai des manières. Je te parle de délicatesse. Tu sais très bien ce que c’est, tu n’as pas arrêté d’en avoir avec moi de la délicatesse»

    « Me laisse pas »
    P'tites infos + (source): 
    Une "forme cinématographique expressionniste"
    Jacques Audiard et Thomas Bidegain se sont dès le début du projet orientés vers ce qu'ils appellent une "forme cinématographique expressionniste", "où la force des images viendrait servir le mélodrame. Une esthétique tranchée, brutale et contrastée. Celle de la Grande Dépression, celle des films de foire, où l’extraordinaire étrangeté des propositions visuelles sublime la noirceur du réel. Celle d’un monde où « Dieu vomit les tièdes »", confie le cinéaste.

    Un film adapté donc du roman de Craig Davidson « Le goût de rouille et d’os » que vous recommande vivement je viens de le finir et vous en reparle très vite !
    Up date : mon avis ici


    [Cinéma] "Cosmopolis" de David Cronenberg

     

    "Cosmopolis" de David Cronenberg
    Distribué par : Stone Angel
    http://www.cosmopolis-lefilm.com

    En quelques mots : Eric Packer, golden boy brillant, désabusé et sûr de lui, mène une vie organisée, sécurisée et maitrise a peu près tout ce qui l'entoure.  Dans un New York, hypnotique, il décide un matin de se faire couper les cheveux. Une journée et une nuit pour plonger dans la vie et rouler vers son destin dans la limousine qu'il a créé sur mesure et à sa mesure...

    • 2 mots : capitalisme & constat
    • 1 question : L’avenir se trouve dans le passé ou le futur ?

    Dernier film de David Cronenberg « Cosmopolis » est sorti cette semaine, en plein festival de Cannes…
    Adaptation du roman de Don DeLillo (mon avis en bas de ce billet), « Cosmopolis » est un pari assez osé, mais j’ai envie de dire pleinement réussi.
    Osé ? parce qu’il met en image un livre bavard, lent, hypnotique qui oscille entre folie et vérité, mais surtout parce que David Cronenberg a choisi Robert Pattinson pour incarner le rôle principal d’Eric Packer. En même temps qui mieux que lui pouvait révéler et faire prendre le meilleur virage possible à celui-ci ? On sait bien que les critiques attendaient sa prestation avec beaucoup d’à priori « twilightesque »… Et pourtant Robert Pattinson est déjà bluffant dans le rôle d’Edward Cullen. Ceux qui ont lu le livre me comprennent. Ici n'est pas le débat mais je pense que ce nouveau rôle a fait voler pas mal d’étiquettes et peut-être fait partir pas mal de midinette ^^.

    Bref, ici David Cronenberg signe un petit chef d’œuvre. Un bijou de mise en scène. Une adaptation littérale idéale ! Une mise en image parfaite et sublime de ce roman écrit en 2000 et pourtant terriblement d’actualité en 2012.
    Visionnaire et accusateur. Accusateur envers ce capitalisme qui dénature, déstructure et vide d’émotion. Mais l’être humain a besoin de vie, d’émotions, de sensations, jusqu’à finalement se perdre ici lui-même au moment où il renait à la vie, à sa vie. Au moment même où ce monde qu’il croyait si bien maitriser lui échappe peu à peu, ainsi que toute sa richesse financière.
    Il y a 1000 choses à dire sur ce film hypnotique, décalé, mais pourtant bien ancré dans la réalité.
    Brutal, lent et sensuel, il est articulé autour d’Eric Packer, jeune trader multimillionnaire qui aime tout contrôler et qui un matin d’avril 2000 souhaite se faire couper les cheveux. Il traversera alors à bord de sa limousine ultra moderne et  high tech, la ville de New York qui est paralysée par la visite du président et par des manifestations diverses. Entouré de gardes du corps il sait qu’une menace pèse sur lui. Quelqu’un cherche à le tuer, mais lui n’a qu’un but aujourd’hui, se faire couper les cheveux. Nous allons alors le suivre dans ses aventures sexuelles et ses rencontres du jour tout en traversant la ville secouée par des émeutes anarchiste anti-capitaliste, un entarteur et les funérailles d'un ami rappeur...
    Il mettra alors la journée à rejoindre sa destination finale. Un chemin où le monde extérieur défile au travers de ses vitres teintées, aux allures parfois apocalyptique et qui parfois vient à lui dans une limousine a son image, ultra perfectionné mais finalement froide et impersonnelle.

    Un film lent, qui pose un regard désenchanté sur le monde qui ici se symbolise par une traversée de New York lente, chaotique et laborieuse alors qu’Eric lui va vite à la réflexion et à agir sur le futur. Sa volonté de tout contrôler et d’utiliser les meilleures technologies appuyant ou dénonçant les discours échangés avec ses diverses rencontres ou au contraire prouve qu’il est conscient de tout et de toute chose. Visionnaire à l’instinct surdévelopper, il ira même au devant de sa propre fin en détruisant tout ce qui constituait son univers suite à un mauvais choix. Un fait lui échappe et il décide alors de détruire tout ce qui l’entoure, comme pour se prouver qu’il peut encore contrôler son univers, même si il ne peut maîtriser sa chute inéluctable. Perdant le Yuan, il ne peut tolérer un retour en arrière et l’échec… Pourtant ruiné il devient libre et revient finalement sur le lieu de son enfance de ses racines pour voir Anthony, son coiffeur, le dernier lien qu’il possède avec son père.

    Certes, j'en conviens "Cosmopolis" peut être lourd et pompeux, mais il n’en demeure pas moins sincère et empreint de vérité. Chaque ligne de dialogue, qui reprend d’ailleurs mot pour mot les dialogues du livre, est une source d’information sur ce que le film cherche à nous démontrer, à nous apprendre. Là où le livre peut paraître encore plus bavard, certaines phrases viennent ici nous percuter et reste un peu en nous et pousse à la réflexion. Encore une fois, la mise en image de Cronenberg est remarquable.

    C’est pour moi un film plein de coup de cœur et ce dès le générique d’ouverture, avec cette peinture abstraite de Jackson Pollock qui défile sur une musique qui nous plonge de suite dans l’univers et l’ambiance du film et que j’aurais facilement écouté pendant la lecture du livre.

    Gros coup de cœur ensuite, pour la mise en scène de David Cronenberg et ses plans ralentis, sa caméra qui se mouve dans en un mouvement quasi humain, pour se substituer aux personnages sur certains plans : le plan d’ouverture ou dans la bibliothèque…

    Une mise en scène qui mêle gros plans et alternance hypnotique. Tout se joue dans la limousine, le monde vient à Eric avant qu’Eric n’aille vers le monde et s’avère dans un mouvement prémonitoire être aussi sa fin.  Tous les personnages viennent à lui, ses employés, son médecin (scène mémorable d’un examen de prostate), il n’y a que deux personnages vers qui il va, sa femme son coiffeur et celui qui le menace…Présent, passé et futur…

    Une mise en scène donc qui reprend admirablement chaque étape ou presque du livre, la scène où il retrouve Elise dans son taxi est parfaite et digne de mon imaginaire de lecture.

    On peut donc trouver le film bavard, alambiqué et peut-être ennuyeux pour celui dont les discours philosophiques touchent peu, mais on ne peut renier ce qu’il dénonce, mais aussi la performance d’acteur de Robert Pattinson qui va crescendo tout au long du film. Comme Eric sort de ses cases de routine et de contrôle, Robert se révèle lui aussi dans un jeu subtil, parfois fait uniquement d’expression corporelle avec une gestuelle sobre mais intense. Un sourire, un regard, un mouvement… Un jeu plein d’émotions et d’expressions. On peut effectivement pour le coup penser que le jeu de Robert Pattinson est trop lisse, trop solennel, prétentieux, froid et linéaire, mais c’est Eric. Le personnage de Don DeLillo est ainsi, il ne s’éveille que par petite touche, mais surtout sur la presque fin de l’histoire.  Je me surprends tout au long du film à me dire « il est tellement Eric » pour finalement complètement oublier qu’il joue. Il est Eric… Eric se dévoile dans les risques qu’il prend, il sourit des dangers qui l’entoure. Comme il le dit à de nombreuse reprise dans la scène finale "Je n’aime pas être raisonnable". Les scènes de sexe peuvent dérouter, mais restent cohérentes dans la quête d’Eric de se sentir vivant…
    Une performance épatante qui je pense en déroutera donc plus d’un ou d’une. Même si il devient de plus en plus beau, notamment lors de la scène du restaurant pendant le diner ou lors de sa rencontre avec Benno où il est carrément sublime (midinette forever). Un mélange d’assurance nouvelle et de vie. Son physique évoluant carrément en fonction de son avancée dans l’histoire. Propre, impeccable et sûr de lui dans son costume sur mesure, lunette de soleil et cheveux impeccablement coiffé, il finit sans veste, sans cravate, la chemise tachée et les cheveux à moitié coupé…

    Une prestation de Robert Pattinson absolument épatante et brillante, qui joue subtilement avec une palette d’émotion extrêmement large. Surtout sachant que le réalisateur a pour habitude de ne tourner qu’avec une à deux prises. Gage que David Cronenberg l’a bien mis à l’aise et qu’il est talentueux lorsqu’il est en confiance. La scène finale est à elle seule une véritable prouesse d’acteur. La légende assure d’ailleurs qu’il n’aura suffit que d’une seule prise…

    Les larmes m’ont toujours bouleversée, certes, mais avec les larmes on ne triche pas, les larmes de crocodile se voient à des kilomètres. Ici il faut être bien insensible pour ne pas réagir aux siennes.

    Tout ce que l’on a pu deviner de son talent dans ses précédents films est pleinement révélé par David Cronenberg et sa maturité éclate. Je suis sous le charme, épatée, j’ai envie de dire bravo Mr Pattinson… Virage réussi !

    Le reste du casting est lui aussi tout autant idéal, Sarah Gadon (Elise Packer), fait une Elise merveilleuse de froideur et de contrôle, Juliette Binoche (Didi),est décidément talentueuse et criante de vérité dans sa scène avec Eric. Mathieu Almaric est toujours aussi épatant et il fait un parfait entarteur fou, plein d'urgence et de colère. Enfin Paul Giamatti (Benno Levin) fonctionne parfaitement dans cet homme un peu fou et obsédé par Eric Packer. Le reste du cast est très bon également dans les rôles mineurs et répond parfaitement à l'imaginaire du livre.

    Adaptation littérale donc, mais pas que, certaines scènes sont simplifiées (Didi/Juliette Binoche, le théâtre, la procession) ou supprimées (la  dernière scène avec Elise) mais finalement amènent un peu plus rythme et de tension dans ce huis clos dans le monde d’Eric qui se réduit à sa limousine. La scène finale connaît également des changements mineurs mais bien amenés et bien vus. Un passage digne d’un confessionnal prouve à elle seule encore une fois le talent de Cronenberg…

    Toute l'ambiance créé par David Cronenberg et ce presque silence est dans la ligne directe de l'ambiance créée par Don DeLillo dans le livre. Il existe très peu de bruit, de la limousine, on a pas ou très peu de bruit extérieur, pas ou très peu de musique d’ambiance, on est dans l’instant, le moment sans parasite. Eric ne sort de la limo que pour voir Elise (sa femme), son coiffeur (son passé) et changer de vie. Un ajout de Cronenberg bien vu. Les détails ont également leurs importances, les descriptions de Don DeLillo sont très bien reprises ici, mais la décoration est aussi pleine de détail. Je pense notamment à l’immeuble de Benno où les tables sont recouvertes de disquettes, et oui nous sommes en 2000. Eric lui a le meilleur du top de la technologie pendant que Benno vit au milieu de détritus dans un vieil immeuble abandonné, avec des pièces remplis de disquettes et d’ordinateur hors d’usages. Tout deux dans leur monde et dans leurs folies.

    Une scène finale de 22mn qui nous révèle de la vie d’Eric, sa volonté de toujours tout contrôler et avoir toujours plus que les autres. Ou pire que les autres. Benno lui assenant ses vérités, sa vérité, la vérité. L’équilibre était sa quête… Mais déséquilibré par cette journée, il cherche à rééquilibré les choses. Eric reste Eric, même mise  en joue par son assassin, il s’amuse avec son arme, la met dans sa bouche et finalement se tire dans la main lui-même. Il maîtrise même sa souffrance, même dans les larmes, jusqu’à l’instant final, la dernière image et ce regard qui reste imprimé en nous quelques secondes… Avec un mot résonne alors en tête : Oh Putain !

    Seule petite déception, pour moi, on ne sent pas assez ce hasard qui réunit Eric et Elise. Il me manque cet instinct qui pousse toujours Eric à trouver Elise où quelle soit lorsqu’il est proche d’elle sans qu’il ne le sache… Difficile moi ? ^^

    Bref (si, si je sais faire ^^), David Cronenberg délivre une mise en image terriblement efficace et profondément respectueuse du roman de DonDeLillo qui dénonce les dérives et les dommages collatéraux du capitalisme via une illustration d’une jeunesse sophistiquée et glacée qui se perd lorsque l’émotion survient. Une analyse des rapports humains pointant du doigt les dangers de l’individualisme et de l’égoïsme. Il est tout à fait ce que j'en attendais après lecture.
    A découvrir assurément, même si je pense sincèrement, que malheureusement il ne se comprend que mieux que par ceux ayant lu le livre…

    En bref : une adaptation littérale idéale ! Une mise en image du roman parfaite! Grande mise en scène de David Cronenberg où Robert Pattinson se révèle. Démentiel en Eric Packer. Un film qui ne peut laisser indifférent, on aime ou on déteste... A voir, laisser agir et à revoir...

    Ici une critique de Nicolas Gilli de Filmosphère que j'ai trouvé extrêmement pertinente et plus claire que la mienne ;)

    Citations / morceaux choisis : 

    "Mais le phénomène de la réputation est une affaire délicate. L'ascension sur un mot et la chute sur une syllabe."

    "Ils veulent bloquer le futur. ils veulent le normaliser, l'empêcher d'engloutir le présent."

    "Montre moi quelque chose que je ne connais pas."

    "Paralyse moi jusqu'à l'ADN"

    « Un rat devint l’unité d’échange »

    « Mets toi un chewing gum dans la bouche et arrête de le mâcher »

    « On a que des minutes à vivre »

    « Détruit le passé, construit le futur »

    « La violence recquiert une cause, une vérité »

    PS : le logo de Stone Angel découvert en début de générique est vraiment top !
    P'tites infos + (source): 

    Fin différente du roman
    Le film Cosmopolis est très fidèle au roman du même nom. Il y a cependant, comme dans toute adaptation, quelques changements par rapport à l’œuvre originale. Dans le cas de Cosmopolis, c'est notamment la fin du livre, assez étrange, qui a été modifiée : "dès que je l’ai lue, je me suis dit : ce n’est pas en train d’arriver, c’est juste dans l’imagination de Packer. Je n’y crois pas", se souvient David Cronenberg. Dans cette fin, le personnage principal se retrouvait au milieu d'un tournage de film, chose qui ne convenait pas au réalisateur : "Je me méfie des films dans le film. Cela peut être intéressant, mais à condition qu’il y ait une vraie nécessité."

    Un tournage en partie canadien
    L'intrigue de Cosmopolis a beau intégralement prendre place à New York, le tournage s'est aussi déroulé à Toronto, la ville du réalisateur David Cronenberg : "On a fabriqué l'espace du film en associant des éléments qui se trouvent vraiment à New York et d'autres à Toronto, où on tournait tous les intérieurs en studio", explique-t-il. De plus la majorité du film se déroule à l'intérieur d'une limousine, "il était par conséquent impossible de tourner ce film dans une véritable limousine, il fallait reconstruire en studio pour pouvoir déplacer la caméra", poursuit le cinéaste, avant de conclure : l'essentiel, c'est la limousine, qui elle-même est moins une voiture qu'un espace mental : être dans la limo, c'est être dans la tête d'Eric Packer. Voilà ce qui compte."

     "Cosmopolis" de Don DeLillo a d'ailleurs été réédité chez Actes Sud avec l'affiche du film ;)



    Mon avis sur le livre http://noaetsonmonde.blogspot.fr/2012/03/livre-cosmopolis-de-don-delillo.html

    samedi 26 mai 2012

    [Cannes 2012] et les adaptations littéraires sur la Croisette


    La 65ème éditions de Cannes à connu son lot d'adaptation !
    En attendant les résultats du Palmarès 2012
    voici un petit récapitulatif des films présentés à Cannes 2012 !
     (PhotoCall et montée des marches)



    "De rouille et d'Os" de Jacques Audiard
    adaptation de "Le goût de rouille et d'os" de Craig Davidson
     


    "Lawless" / "Des hommes sans loi" de John Hillcoat 
    adaptation du roman de Matt Bondurant"The Wettest Country in the World"
    soit en français : "Pour quelques gouttes d'alcool"

     
     


    "Killing Them Softly" de Andrew Dominik
    rebaptisé Cogan- La mort douce pour la France
    adaptation de "Cogan’s Trade" - "Paris risqués" de George V. Higgin


    "Sur la route" de Walter Salles
    adaptation de "sur la route " de Jack Kerouac


     
     


    Petite surprise de la présence de Robert Pattinson lors de la montée des marches ^^


    "Paperboy" de Lee Daniels
    adaptation de "Paperboy" de Pete Dexter



    "Cosmopolis" de David Cronenberg
    adaptation de "Cosmopolis" de Don DeLillo







    et petite surprise de voir Kristen Stewart ^^
    "Dans la brume" de Sergei Loznitsa
    adaptation de "dans le brouillard" de Vassil Bykov


    "Thérèse Desqueyroux" de Claude Miller
    adaptation de "Thérèse Desqueyroux" de François Mauriac
     

    source8