"Le Magasin des Suicides" de Jean Teulé
Edité chez Juillard
En
quelques mots : La famille Tuvache tient un magasin des suicides. Un endroit où
trouver à toute heure la meilleure façon de mourir. Mais Alan, le petit dernier
de la famille pourrait bien changer les choses...
- En
deux mots : optimisme & changement
- En
une question : l’espoir n’est
qu’une question de volonté ?
SPOILER MINIMUM
Adapté au cinéma par Patrice Leconte, j'ai voulu découvrir l'oeuvre de Jean Teulé avant de découvrir sa mise en image. Bon malheureusement par concours de circonstance et surtout manque de temps je vais donc découvrir la version de Mr Leconte via DVD. En attendant retour sur le livre de Jean Teulé "Le Magasin des Suicides". On est d'accord le titre est à lui tout seul tout un programme...
On sait bien qu'avec un titre pareil, le contenu risque de ne pas être très gai... Et pourtant...
Bien que tout soit sombre, que tout soit triste, que tout soit ici remplacé par la mort et la tristesse, "le magasin des suicides" s'avère finalement déroutant d'espoir et d'optimisme.
Mais aussi caustique qu'il soit, ce roman est avant tout à lire et à prendre au "second degré" voir "22ème degré". Au départ on se surprend à penser l'inverse de ce que l'on lit, en jouant à "quelle est l'équivalence positive?" Ici l’anormal est normal et inversement. Et puis au fil des pages la tendance s'inverse, comme la déprime qui peut s'installer parfois, ici l'optimisme gagne du terrain de page en page car Alan, le dernier né, va venir changer le quotidien de tout le monde et surtout changer le destin de toute une famille. Par petite touche de confiance et d’optimisme. La famille "Adams" vient de voir naitre Mr Tout va bien.
Jean
Teulé pointe ainsi, via ses personnages et surtout Alan, l’air de rien, l'attitude maussade et pessimiste des gens. Car celui-ci est le seul de la famille qui
sourit, celui qui voit le positif en tout. Il
chante des chansons gaies, il prend le contrepied de tout ce qui fait le quotidien
et la vie de la famille Tuvache...
Tout
les détails sont dirigés vers le suicide, les façons de mourir, les
informations que l’on regarde, les chansons que l’on écoute, jusqu’au rue où
l’on habite : Rue Bérégovoy ou le prénom des enfants ou lors de
l’anniversaire de Marilyn où ses cadeaux sont un poisson rendant ses baisers
mortels ou un casque explosif, le tout agrémenté par des « dis-toi que ça te
fait un an de moins à vivre !... ». Mais Alan le fils indigne si souriant
viendra lui offrir un petit carré de soie blanc qui va alors révéler sa
sensualité et lui donner un peu de confiance en elle. Le début du changement
est en marche…
"Le magasin des suicides", est un
livre qui met mal à l’aise par ses idées mais qui prête à sourire par
l’imagination de Jean Teulé pour mettre un terme à sa vie ou par le décor de la
boutique. Comme par exemple qui m'a bien plu à la lecture :
les tableaux avec une pomme exposée dans le magasin qui représente « L’inventeur de l’ordinateur qui s’est suicidé d’une drôle de manière.
"Le 7/06/54, il a trempé une pomme dans une solution de cyanure et l’a posée sur un guéridon. Ensuite, il en a fait un tableau puis il a mangé la pomme.
les tableaux avec une pomme exposée dans le magasin qui représente « L’inventeur de l’ordinateur qui s’est suicidé d’une drôle de manière.
"Le 7/06/54, il a trempé une pomme dans une solution de cyanure et l’a posée sur un guéridon. Ensuite, il en a fait un tableau puis il a mangé la pomme.
- Sans
blague !
-
on raconte que c’est pour cette raison que le logo Apple représente une pomme
croquée. C’est la pomme d’Alan Turing ".
Ils
proposent donc de se tuer avec le kit, pomme et pinceaux pour mourir comme lui.
72 sont exposés dans le magasin. Dont un bleu, parce qu’un
daltonien !
Un
livre plein de WTF, de surprise et d'interrogations mais qui se lit bien en fait parce que parsemé d’humour qui
nous pousse à faire une petite gymnastique entre ce qui nous est raconté et ce que l’on
connaît dans la réalité. Les inversions qu’il propose du malheur qui se voit
bousculer par le bonheur… Le père devient
déprimé parce que les autres vont mieux, la fille s’épanouie parce
qu’elle devient dangereuse. Alan du haut de ses 11 ans offre son optimisme et
sa bienveillance à tous. C’est lui le médicament de la famille… Mais comme le
récit de Jean Teulé, tel un miroir
inversé, lorsque la vie « normale » reprend place, l’inversion a des
conséquences...
Un
livre où l’humour est caustique mais bien présent. Un humour noir et plein de
sarcasmes.
Un livre qui met mal à l’aise qui dérange dans nos habitudes, nos certitudes. Comme le pessisme et le désespoir s’immice en nous, l’espoir est ici le mal. Une fois qu’il est là, il ne peut s’effacer. Les mécanismes sont inversés... Positivement...
Un livre qui met mal à l’aise qui dérange dans nos habitudes, nos certitudes. Comme le pessisme et le désespoir s’immice en nous, l’espoir est ici le mal. Une fois qu’il est là, il ne peut s’effacer. Les mécanismes sont inversés... Positivement...
5/10
En
bref : Même si le texte est extrêmement bien écrit et bien rythmé,
l’ambiance lourde de négativité plombe au départ un peu trop le moral... Mais il sait prendre un nouvel angle avec un peu de temps et de distance devenant ainsi plus doux et finalement plus optimiste...
Morceaux choisis / Citation :
"Nous, on a bien donné des prénoms de suicidés célèbres à chacun de nos enfants : Vincent pour Van Gogh, Marilyn pour Monroe…"
" Allez, fichez moi le camp ! Pas besoin de clients comme vous ici !
- mais je veux mourir démerdez vous. Allez au bureau de tabac"
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