vendredi 20 septembre 2013

[Cinéma] "Malavita" de Luc Besson


"Malavita" de Luc Besson
Distributeur : EuropaCorp

En quelques motsLa famille Blake vient d'arriver en Normandie. Fred Blake est un repenti de la mafia new yorkaise sous protection du FBI et l'on va vite découvrir que les habitudes ont la vie dure...

  • en 2 mots : famille & secret
  • en 1 question : qui a fait, refera ?

SPOILER MINIMUM


Adaptation du roman de Tonino Benacquista, "Malavita" est sûrement un des films que j'attendais le plus en 2013. Et ce pour plusieurs raisons :   
- c'est une adaptation
- c'est un nouveau film de Luc Besson
- j'avais eu le privilège (oui, oui) de visiter les studios de la Cité du Cinéma et un des plateaux de tournage du film...
- j'ai pu rencontrer Tonino Benacquista au Salon du Livre et échanger un peu avec lui sur le livre et sur ce film à venir
- et surtout il réuni deux de mes acteurs américains préférés : Robert De Niro et Michelle Pfeiffer
- sans oublier cerise sur le gâteau Tommy Lee Jones qui est lui aussi à l'affiche
- et puis surtout j'ai vraiment beaucoup aimé le livre...


J'en attendais donc beaucoup et on le sait bien, il est souvent risqué d'attendre beaucoup d'un film ou d'un livre, on est parfois déçue...
Mais heureusement ce ne fut pas du tout le cas ! Bien au contraire !

Tout d'abord pour parler globalement du film, je n'ai pas vu le temps passer. J'ai souri, j'ai ri, j'ai eu peur, j'ai sursauté, j'ai détourné le regard, j'ai attendu, j'ai été soulagé, j'ai attendu à nouveau... Sans être une adaptation littérale du roman, pour mon plus grand plaisir, j'ai retrouvé sur dans le film toute l'ambiance du livre, même dans quelques petits détails...  Alors, pourquoi non littérale? parce que, même si les ingrédients et l'ambiance du livre sont très bien retranscrits, les relations entre les personnages sont différentes, elles sont plus dans l'émotion. Et puis surtout la fin est ici complètement remodelée. En effet, Luc Besson a su la redynamiser et mettre en valeur chaque personnage tout en gardant l'essence même du livre. Une réussite pour moi de bout en bout, où le scénario de base offert et imaginé par Tonino Benacquista est bien là !

Dans un rythme soutenu et plutôt dynamique « Malavita » nous raconte l'histoire de la famille Blake ou plutôt l'histoire de la famille de Giovanni Manzoni qui a pour sauvé sa peau et celles de sa femme et ses deux enfants, trahi les siens. Chef de clan au coeur de la mafia New Yorkaise, Giovanni a passé sa vie à ne répondre qu'à ses propres lois et appliquer sa propre justice. Violence et crimes ont toujours fait partie de son quotidien. Il est aujourd'hui ce que l'on appelle un repenti, protégé par le FBI depuis 6 ans. 6 ans qu'il a passé à se faire le plus discret possible pour ne pas révéler aux multiples chasseurs de tête où il vivait désormais. Mais 6 ans, à ne pas oublier qui il est... Les liens de la famille Blake sont ici subtils et tendres et beaucoup plus marqués que dans le roman. Chaque détail compte et c'est un vrai régal de noter les éléments du livre prendre vie sur grand écran...

Nouvellement arrivée à Cholong-sur-Avre en Normandie, la famille Blake prend ici ses marques et va découvrir que l'on ne fuit jamais bien longtemps ses origines... Et que le moindre détail compte... On découvre alors, peu à peu,, chaque trait de caractère de tous les membres de la famille...

Coté casting justement, on n'aurait difficilement pu en envisager un meilleur casting que celui-ci. Ils semblent tous prendre beaucoup de plaisir à se glisser dans la peau de leurs personnages et tout spécialement Robert De Niro (Fred Blake) qui, comme toujours, est parfait dans le rôle de chef de famille bourru, violent, mais bizarrement finalement attachant. Certes la caricature n'est pas loin mais franchement c'est un milieu qui forcément est souvent borderline. Dans tous les sens du terme... Et l'humour glissé ici et là est pour moi le bienvenue ! Fred Blake est un personnage sombre mais attachant malgré tout. Comment résister au charme de Robert De Niro? même à son âge il dégage une espèce d'aura assez dingue...Je me sens un peu comme Maggie à un moment du film qui souhaite l'éloigner d'elle mais qui n'y parvient pas à cause du charme qu'il déploie...  Et puis quel bonheur de le voir endosser à nouveau, par instant, un personnage digne des Affranchis ou du Parrain... Franchement un petit régal... Je n'en dis pas plus mais une scène à la cinémathèque est assez magique à vivre... L'expression de son visage est SO cute ! La scène était déjà présente dans le livre et sa mise en image est un pur moment de cinéma. On devine bien le plaisir qu'ils ont tous eu à la faire.
J'avais déjà le sourire à la lecture du livre mais là je suis complètement sous le charme de ce clin d'oeil. Et je pense aussi à ce moment là, à l'auteur qui a pu voir ce moment prendre forme à l'écran...

Michelle Pfeiffer (Maggie Blake), quant à elle est juste sublime... Elle est incroyable dans le rôle de la femme de mafieux fragile et solide à la fois. Son passage à la superette et à l'église devraient marquer quelques esprits et la tendresse qu'elle partage avec De Niro est vraiment très touchante...

Les enfants quant à eux sont absolument épatants, une vraie découverte pour moi. John D'Leo (Warren Blake) digne héritier de son père de cinéma, jusqu'à trouver en lui une certaine ressemblance physique. Dianna Agron (Belle Blake) est superbe et très juste dans son jeu... Délicate et pure elle dévoile son côté sombre de manière inattendue... Et son rôle est clairement plus important que dans le livre, même si j'aurais aimé que sa scène finale dans le livre soit bien présente dans le film... 

Enfin, je n'oublie pas Tommy Lee Jones (Robert Stansfield), qui est formidable dans le rôle de l'agent du FBI qui entretien une relation ambiguë avec cet homme qu'il déteste et qu'il a pour mission de protéger... Les faces à faces qu'il peut avoir avec Robert De Niro sont toujours de très bons moments à l'écran.

Et puis, surprise de découvrir le rouquin de RadioStars, Côme Levin, compter au casting. Il fait encore ici ce qu'il fait de mieux pour le moment, le rôle de l'abruti tête à claque... Dans un anglais impeccable ! D'ailleurs entendre les acteurs parler français est comme toujours source de petits plaisirs ^^.

Un excellent casting, une belle mise en scène, mais aussi une BO agréable qui souligne parfois volontairement le propos dans l'humour et le cliché.

Donc sans trop en dévoiler sur l'histoire, je suis ravie de cette adaptation mise en scène par un réalisateur qui décidément maitrise bien son art et qui à l'oeil ! J'aime son oeil délicat sur certaines scènes, j'aime qu'il montre sans montrer vraiment, j'aime les détails ici et là. J'aime le rythme qu'il a imposé dans le passé et le présent, j'aime l'humour qu'il a su insuffler en plus sans tomber dans la caricature, j'aime qu'il ai fait commencé le film par les mêmes mots que le livre. Et finalement, même si j'ai pu noter parfois que les gros plans étaient peut-être un peu trop présents, car impitoyable pour les acteurs, ils renforcent aussi le propos. 

Malavita offre un souffle idéal dans un cinéma qui aujourd'hui déborde de super héros ! Bien sur il y aura toujours ceux pour dénigrer l'univers développé ou la patte du réalisateur, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Mais franchement pour ce que mon opinion compte, j'ai adoré ce film et je compte bien retourner le voir le 23/10 et surtout j'espère secrètement que la suite "Malavita encore" prendra aussi vie au cinéma ! On verra...

En bref :
Une belle surprise, une belle adaptation pour un casting épatant. Un supsens bien présent, une famille sombre et attachante, un rythme équilibré, une touche d'humour, une mise en scène efficace font que l'on passe un bon moment. Un Luc Besson qu'il fait bon retrouver et un Robert De Niro au top de sa forme. Une adaptation libre mais idéale d'un roman bien plus sombre et froid. 


Merci EuropaCorp pour cette découverte en avant-première !

Morceaux choisis / Citations :

«Al Capone disait toujours   : "on obtient plus de choses en étant poli et armé qu'en étant juste poli"  »
"Fuck" 


P'tites infos + (source : dossier de presse):

Robert De Niro et Michelle Pfeiffer ont déjà partagé l'affiche à deux reprises ( Happy New Year, Stardust, le mystère de l'étoile), mais c'est la première fois qu'ils se donnent la réplique.

Dianna Agron est connue pour son rôle dans Glee (Quinn Fabray).

C'est le premier long métrage tourné à La Cité du Cinéma.

Entretien avec Luc Besson  :
Qu'est ce qui vous a intéressé dans le livre :  
"Ce roman est d'un tel niveau que, pour la première fois, je me suis contenté de suivre l'intrigue existante. J'ai simplement ajouté quelques dialogues pour que l'adaptation soit plus cinématographique. Mais en toute honnêteté, la structure et les personnages étaient déjà en place et, du coup, mon travail en a été grandement facilité."

Avez-vous été sensible à l'humour du livre?
"Effectivement, l'humour était très présent dans le livre. Il aurait été impossible de transposer le roman en laissant tomber l'humour car les deux sont indissociables. C'était aussi une manière de me "protéger" en tant que cinéaste : j'avais un peu peur qu'avec un tel casting, je me prenne trop au sérieux et que je me sente inhibé par le fait que tout le monde m'attende au tournant... Il fallait être vigilant parce que l'essentiel, c'était de garder un ton léger : même si l'histoire est assez sombre, c'est avant tout une comédie. On a donc essayé de trouver le juste équilibre. Et la meilleure façon de ne pas être prétentieux, c'est de tourner le film avec humour. Tous les personnages se prennent au sérieux mais on a constamment le sourire aux lèvres parce qu'ils sont cinglés !"

Malavita est un formidable hommage au film de mafia.
"Le livre rend hommage au genre. Je voulais rester totalement fidèle à cette démarche. j'adore Scorcese, Coppola et tous les cinéastes qui ont donné ses lettres de noblesse au genre, et LE PARRAIN, SCARFACE ou LES AFFRANCHIS ont bercé mon enfance et mon adolescence. Ils font partie intégrante de ma culture. Quand on a pensé à Robert de Niro pour le rôle principal, on s'est dit qu'on devrait demander à Martin Scorsese s'il accepterait de participer au projet car on lui rend hommage et que son nom est même cité dans le film. On lui a donc envoyé le scénario : il a été emballé, il a beaucoup ri et nous a donné son accord très rapidement. C'était génial et parfaitement logique. C'était un grand honneur de travailler avec Martin."

Avez-vous écrit le scénario avec des acteurs en tête?
"Pas vraiment. j'avais pensé à Robert De Niro pour le personnage principal mais je n'en ai pas parlé à Tonino Benacquista. Au contraire, je lui a demandé qui il verrait dans le rôle de Fred. Et il m'a répondu qu'il rêverait de le proposer à Robert De Niro. On l'a donc appelé, on lui a envoyé le livre et il nous a dit qu'il l'avait aimé, trouvé très drôle et que le projet l'intéressait. Je me suis lancé dans l'écriture du scénario, que j'ai ensuite envoyé à Robert : il m'a rappelé pour me dire qu'il voulait faire partie du projet !(...)"

Entretien avec Tonino Benacquista
Aviez vous envisagé une transposition au cinéma au moment de l'écriture?
"Pas du tout. Bien au contraire, pendant l'écriture, j'ai besoin de solitude et de temps, et surtout pas de projeter des visages sur mes personnages car cela briderait mon imaginaire. Une fois le livre achevé, je me doutais que cette histoire pouvait donner lieu à un film, et c'était d'autant plus logique que, partant du cinéma, elle revienne au cinéma.. Très rapidement, plusieurs producteurs se sont intéressés au projet, et j'ai compris pourquoi: ce que j'avais rendu possible avec ce roman, c'était d'inviter le genre du "film mafia" dans le cinéma français et de tourner cette adaptation ici même, avec un metteur en scène et un producteur issus d'une génération nourrie par les films de Scorsese et Coppola. Du coup, ils pouvaient assouvir leur fantasme de ce cinéma-là à travers cette histoire qui était, pour ainsi dire, contenue dans un petit village normand."

Vous n'avez pas co-signé le scénario du film...
"Je préfère ne pas participer à l'adaptation de mes propres romans. je crois qu'il faut une énergie formidable - que je n'ai pas- pour retravailler un texte sur lequel j'ai déjà passé deux ans de ma vie. Dans le même temps, je ne suis pas certain que ce soit l'auteur du roman le mieux placé pour prendre les décisions d'adaptation les plus pertinentes. Luc Besson a fait le choix des la fidélité du livre, qui n'était pas une obligation au départ, mais qui correspondant parfaitement au sujet. Et je l'ai laissé faire bien volontiers!"

Quelle a été votre réaction en découvrant le film?
"J'ai été très touché. Comme au moment où la perspective de confier le rôle de Fred Blake à Robert De Niro est devenue envisageable, j'ai eu le sentiment que le rêve devenait réalité. Quand on est dans son bureau en train d'imaginer une situation, on ne peut pas supposer qu'un jour ce dialogue dans une ruelle sera interprété par Michelle Pfeiffer et Robert De Niro ! C'est vraiment grâce à Luc Besson que cette part de rêve s'est concrétisée. Il a aussi injecté une violence qui n'était pas dans le livre mais qui correspond à ce que je recherche quand je vais au cinéma."


Mon avis sur le livre à venir...

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