mercredi 18 mars 2015

[Cinéma] "Les Souvenirs" de Jean-Paul Rouve



« Les Souvenirs » de Jean-Paul Rouve 
Chez UGC Distribution 

En quelques mots : Romain a 23 ans. Il aimerait être écrivain mais, pour l'instant, il est veilleur de nuit dans un hôtel. Son père a 62 ans. Il part à la retraite et fait semblant de s'en foutre. Son colocataire a 24 ans. Il ne pense qu'à une chose : séduire une fille, n'importe laquelle et par tous les moyens. Sa grand-mère a 85 ans. Elle se retrouve en maison de retraite et se demande ce qu'elle fait avec tous ces vieux. Un jour son père débarque en catastrophe. Sa grand-mère a disparu. Elle s'est évadée en quelque sorte. Romain part à sa recherche, quelque part dans ses souvenirs…

  • En deux mots : souvenir & famille
  • En une question : les souvenirs ralentissent ou font avancer?


SPOILER MININMUM 

Adaptation d'un roman d'un auteur que j'aime beaucoup, David Foenkinos, "Les Souvenirs" de Jean-Paul Rouve est un de ces films qui nous colle à la peau pendant quelques jours, voir quelques semaines. Il peut d'un seul coup devenir très personnel. Il a en tout cas résonné en moi assez longtemps. Si vous avez perdue une grand-mère adorée ce film est un mélange de sourire tendre et de manque terrible à la fin de la projection. A tel point que replongée dans les souvenirs personnels il est difficile de parler de ce film.

Des semaines que les mots ne veulent pas monter jusque mes doigts et pourtant j'ai tellement envie de d'exprimer les petits bonheurs et les petites sourires que procurent ce film. Ce film qui pousse à se replonger dans ses propres souvenirs et surtout à vouloir appeler SA grand-mère en sortant de la salle de ciné.

"Les souvenirs" évoque implicitement le parcours d'une vie au travers des souvenirs qui la compose. Avec ici une illustration d'une famille malheureusement des plus banales. Un cadre familiale classique, grands-parents, parents, enfants… Que se passe-t'il lorsque l'un des conjoints disparait et que la responsabilité de celui qui reste semble devenir un poids. La grand-mère de Romain, Madeleine (Annie Cordy) se retrouve en maison de retraite contre son gré…

Vu sous le point de vue de Romain, le petit-fils (Mathieu Spinosi) nous découvrons au fil du film les souvenirs de chacun remémorer au présent alors que le présent est lui même source de prochains souvenirs. Des moments clés dans une vie, les rencontres, les amours et les pertes...

Les souvenirs pointent surtout les liens familiaux, ceux qui compte, ceux qui se révélés dans les épreuves… On est enfant, puis parent, puis grand-parent, la vie suit son cours. On se côtoie mais est-ce que l'on ose se dire les vrais choses quand les problèmes arrivent? Annie Cordy, Michel Blanc et Mathieu Spinosi forme un trio profondément touchant dans des rôles où l'on ne les y attends pas forcément.

Anny Cordy est une grand-mère simple, un peu sombre, triste et le cheveu plat mais terriblement attendrissante quand elle pose le regard sur son petit-fils, Michel Blanc est un père un peu lâche et peu communicant mais maladroit dans ses sentiments. Mathieu Spinosi est lui lumineux et solaire dans l'amour qu'il porte à cette grand-mère avec qui il partage des instants forts qui seront à leurs tours des souvenirs… La vraie révélation du film selon moi ! Et puis Jean-Paul Rouve lui même touchant dans le rôle de ce directeur d'hôtel qui veille comme la bonne fée de Romain...

Le casting est absolument génial, la mise en scène simple et belle est à l'image de l'histoire qui nous est raconté.  Comme si l'on devenait un témoin privilégié de ce qu'il se passe.

Adapté du roman du même nom, le film va ici à l'essentiel, les souvenirs sont uniquement ceux que l'on voit ou ceux des personnages principaux. Pour le coup c'est une vraie adaptation où David Foenkinos qui a participé au scénario, a su prendre l'essentiel et le plus visuel de son roman. Le livre est encore plus malin et va bien plus loin dans les détails et dans l'histoire elle même.  Mais l'on retrouve pour moi  les 3 scènes clés qui ont eu ma préférence à la lecture du livre et donc aussi dans le film [Spoiler] : la rencontre des parents, le tableau "vache" et le fameux "twix" de la station essence.

Comment ne pas aimer cette grand-mère qui se retrouve là où elle ne veut pas être et qui prend la décision de prendre son destin en main?… Comment ne pas aimer cette grand-mère qui rêve de repasser une journée à l'école ? Comment ne pas aimer ce petit-fils qui vient mettre de la couleur dans la vie de sa grand-mère et avoir avec elle une relation simple et chaleureuse? Comment ne pas aimer ce dernier cadeau? Comment ne pas être attendri par ce directeur d'hôtel prévenant et attentionné? Comment ne pas être touché par ce fils maladroit qui pense bien faire et qui pétri d'habitude ne sait plus être spontané? Comment ne pas aimé les souvenirs des autres qui semblent résonner dans les nôtres...


En bref : Film délicat sur les liens familiaux, une grand-mère et son petit-fils. Tendre et drôle il évoque les souvenirs que l'on se crée. Ceux que l'on vit, ceux que l'on provoque et ceux que l'on offre. 


Morceaux choisis / Citations :

"Quand le présent n'avance plus, mettez de l'essence dans le passé"


Anecdotes : source Allociné

Une histoire remaniée
David Foenkinos avait déjà écrit une version dialoguée de son roman avant de le proposer à Jean-Paul Rouve. Les deux hommes ont finalement décidé d'adapter uniquement les deux tiers du livre. En effet, ils ont occulté la fin de l'histoire qui évoquait la vie de Romain (Mathieu Spinosi) avec Louise (Flore Bonaventura). Par ailleurs, d'autres modifications scénaristiques ont été apportées, telles que l'apparition du colocataire (William Lebghil) et l'épaisseur donnée au personnage du père (Michel Blanc).

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