« Mauvaise Fille » de Justine Lévy
Chez Stock
Editions Livre de Poche
En quelques mots : Louise jeune écrivaine, plutôt indépendante, en couple femme en couple, plutôt indépendante et écrivaine. Pas forcément très proche de sa mère qui n’a pas été très présente lorsqu’elle était enfant, le cancer qu’elles affrontent ensemble vont redéfinir leur relation. Mais au moment où sa mère semble perdre son combat pour la vie va-t-elle pouvoir lui annoncer qu’elle même va donner la vie ?
- En deux mots : héritage & maman
- En une question : Devenir mère est ce mieux comprendre la sienne ?
SPOILER MINIMUM
Adapté prochainement au cinéma, je découvre donc « Mauvaise Fille » de Justine Lévy avant de le voir prendre vie en image.
« Mauvais fille » est un livre qui se lit très facilement mais qui est assez difficile à résumer en quelques lignes. Surtout sans trop en dire. Justine Lévy nous narre ici l’histoire d’amour de Louise et de sa maman. Elle nous parle de leur relation assez distante au départ qui se transforme au fil des pages et de la maladie qu’elles affrontent ensemble, ou pas. On alterne avec beaucoup de douceur et d'à propos du passé, au présent sans jamais perturbée la lecture. Louise nous raconte et comme lorsque l'on se confie à quelqu'un les souvenirs se bousculent un peu entre eux...
Louise est une jeune femme qui a du grandir avec une maman, d’une grande beauté, d’une grande liberté, mais qui pouvait l’ignorer lorsqu’elle était enfant pour aller payer sa tournée aux clochards du coin. Avec une maman qui préférait partir sur un coup de tête faire la fête alors que sa petite fille restait seule à la maison. Qui pouvait ivre morte s’endormir sans lui préparer de petit déjeuner. Mais une mère qui aujourd’hui doit affronter un cancer pour la deuxième fois. Admirative de sa beauté et de sa liberté, Louise est aussi marquée par une certaine rancœur pour cette mère qu’elle n’a pas su être mais qu’elle aime pourtant plus que tout. Au point de ne pas réussir à lui dire qu’elle aussi elle va devenir mère…
« Mauvaise Fille » est un livre confession, un livre où Louise tente de comprendre, de mettre des mots, de pointer du doigt et des mots une relation compliquée et belle à la fois. Avec cette mère pas si mère au départ, mais qui l’est malgré tout. Et de l’ambivalence des liens mère/fille qui peuvent parfois s’inverser. Parce qu’une maman à un jour été une petite fille, puis une jeune femme, puis une mère… Parce que la vie n’est que cycle… Parce que le souvenir de l’autre change avec le temps, parce que l’intérêt que l’on lui porte change aussi…. Mais qui va aussi dévoilé la complicité qu’elles sont su construire malgré le passé…
Dur et beau à la fois. Triste et profondément touchant, « mauvaise fille » est une déclaration d’amour et un cri de culpabilité pour une vie nouvelle qui arrive alors que l’autre s’en va. Justine Lévy donne tellement vie à Louise que les prénoms s’effacent rapidement, comment Louise ne pourrait pas être Justine elle-même ? Troublant.(J'ai du coup très envie de découvrir ses 2 premiers livres : "Le Rendez-Vous" et "Rien de Grave").
Troublant donc et terriblement triste. C’est si triste si dur à lire par moment. Les larmes sont souvent au bord des yeux et l’envie puissante d’appeler ou d’embrasser ma propre mère, tout de suite maintenant, est souvent là au fil des pages.
Un livre dur à lire pour ceux qui ont encore leurs mamans parce qu’il rappelle qu’elles ne seront pas là pour toujours. Physiquement en tout cas. Et très dur aussi je pense, pour celles qui auront traversés la même histoire que Louise. Mais un livre qui invite à partager le plus possible avec cette personne qui nous a mis au monde que l’on aime et qui nous aime malgré tout, malgré nous pour toujours. Et qui aussi témoigne d’une histoire commune pour toutes celles qui auront traversés peut-être les mêmes épreuves.
Prochainement adapté au cinéma par Patrick Mille avec Izia Higelin et Carole Bouquet, j’ai vraiment hâte de le découvrir, même si je sais d’avoir que je devrais avoir obligatoirement le paquet de kleenex avec moi…(ici affiche et BA)
Note 8/10
En bref : une histoire d’amour mère/fille qui font face à la vie, à la maladie et au temps qui passe. Bouleversant et touchant sans jamais tomber dans la facilité ou dans le tire larme. Francs et sincères les mots de Justine Lévy sonnent justes et laissent une empreinte en nous faite d’un peu de douceur et d’amertume.
Morceaux choisis / Citations :
« J’ai cru comme toi que maman était ma maman, qu’il suffisait d’être mère pour être une maman, j’aimerais tant que tu comprennes, je voudrais tant pouvoir te dire. »« Je sais qu’elle mourant et moi la veillant c’est la dernière chose qu’on fera ensemble. »« Tellement ça dure, tellement c’est dur. »« Souvent en vieillissant, on veut redevenir enfant. Maman, elle veut redevenir maman. »« Si maman meurt, je me disais alors c’est que les bateaux peuvent voler, les chats pleurer, les maisons chanter à tue-tête. Pas possible. »« A l’époque où maman était belle, on se glissait des mots sous les portes ou sous les oreillers, c’était mieux que les textos, on pouvait les garder, je les ai gardés, un jour je les lui montrerais, tous ces mots, toutes ces missives (…) »« (…) Sans réfléchir, sans penser au bébé enfermé en moi, à l’abri de tout sauf de moi. »« Il a bien gardé ses lettres lui, peut-être pour ne plus penser à elle, pour la ranger sagement dans un de ses tiroirs, parce que ça finit par remplacer la mémoire. »« Je pense à elle qui meurt à mesure que mon ventre grossit. Est-ce que c’est lié ? Dans quelle mesure ? Qu’est ce que l’une prend à l’autre ? Moi qui suis si vivante, doublement vivante en quelque sort, moi qui la nargue avec cette 2ème vie, obscène, évident, j’ai beau prier pour qu’elle reste en vie au moins le temps de la naissance, je sais que c’est moi qi lui prends ce qui lui reste de vie. Et je pleure. »
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