"Sur la Route" de Walter Salles
Distribué par : MK2 diffusion
En quelques mots : 1947, New York, Sal Paradise apprenti écrivain vient de perdre son père et cherche l'inspiration... Un jour il rencontre Dean Moriarty, jeune ex taulard, au charme ravageur épris de culture et de liberté. L'entente est immédiate et fusionnelle, ils partagent tout ou presque. Alcool, drogue, musique, filles, l'heure est aux débats philosophiques, aux bons mots, à la musique à la liberté. La beat génération est en marche. Décidé à ne plus se laisser enfermer dans une petite vie, Sal décide un jour de prendre la route pour rejoindre son ami Dean à reparti entre temps à Denver... De kilomètres en rencontres jusqu'aux retrouvailles avec Dean il va partir à la rencontre de lui-même...
- En deux mots : route & liberté
- En une question : Prendre la route comme on reprend de l'air ?
Sélectionné au dernier Festival de Cannes, "Sur la route" est adapté du livre éponyme de Jack Kerouac, véritable bible pour toute une génération... La première chose que j'ai envie de dire c'est que je tire mon chapeau à Walter Salles d'avoir pris le risque de faire cette relecture de ce roman si important dans la littérature contemporaine. Un livre culte pour beaucoup de monde, et un livre qui sans être forcément lu par tous, est connu de tous. Je n’ai personnellement volontairement pas relu le roman, mais le rouleau est prêt à la lecture… ou plutôt à la relecture parce que je l’ai lu il y a des années… Il m'avait laissé un goût de liberté, de fureur, de revendication et d'admiration pour ces jeunes gens qui faisait ce qu'ils voulaient au moment où le voulaient. Mais il ne m'avait pas pour autant pas poussé à en savoir plus de Jack Kerouac. Le film m'offre ici la démarche inverse. On a envie d'en savoir plus. En tout cas moi j'ai envie d'en savoir plus. Bon ok l'âge doit jouer aussi...
Je dois dire que je suis allée au cinéma avec un peu d'apréhension, les critiques étaient plutôt molles ou mauvaises selon les échos qui me parvenaient de Cannes... Mais comme toujours, je prends mais garde raison gardée. Chacun ses goûts après tout :). Et vraiment j'ai bien fait. "Sur la route" est pour moi une réussite.
Sans être une adaptation littérale, Walter Salles en fait une version plus qu'honorable. Il pousse en fait gentiment vers le livre. Et nous livre un point de vue sur l’émergeance et la naissance de la beat génération. Une beat génération bien sûr très marquée par Jack Kerouac, lui même, notre Sal à l'écran, qui met au point une technique nouvelle, très spontanée, à laquelle on a donné le nom de " littérature de l'instant " et qui aboutira à la publication de Sur la route en 1957.
Classé parmi les 100 meilleurs romans du XXe siècle en langue anglaise."Sur la Route", est un récit culte dont le succès a rendu son adaptation cinématographique très délicate et les attentes du téléspectateur encore plus. Ce qui je pense que c’est aussi sa plus grande faiblesse. Forcément autant d’attente ne peut-être que déception… Parce que dans l’imaginaire de ceux qui connaissent de loin cette vague américaine des années 50 en ont peut-être une vision idéalisée et un peu romancé. James Dean en est d'ailleurs une figure emblématique... "La fureur de vivre" pour le cinéma. Mais tout comme James Dean il faut aller au delà de l'image... Et quant à ceux qui auront lu le livre, forcément ils seront déçus... Comment faire passer les mots de Kerouac si intense et si « romancé »? Les mots enjolivent facilement bien des situations et ce que moi j’admire chez Walter Salles peut en décevoir plus d’un. Une volonté de montrer une vérité nue... C'est mon analyse, peut-être que je me trompe...
Pour moi Walter Salles nous montre juste cette jeune génération qui découvre et qui tente. Une génération libre et en rébellion envers le quotidien, les chemins tout tracés et les conventions. L’heure est à l’alcool, la drogue, la Benzedrine, la liberté sexuelle les poèmes, la littérature, la musique, le jazz, le cinéma, les rencontres, la route et la liberté de vivre à son rythme… La beat génération c’est la naissance de toute une génération d'idoles qui s'en inspire : James Dean, Marlon Brando, mais aussi Andy Warhol, Basquiat, Jim Morrison, Bob Dylan. C’est aussi la musique qui parsème tout le film, le jazz, le soul, le blues… C’est surtout Cassidy dans le Jazz. Et c'est aussi les excès, les gueules de bois, les grands n’importe quoi, l’égoïsme de ceux qui prennent la route, de ceux qui vivent comme bon leur semble sous prétexte de « je suis libre »…Et là vraiment Walter Salles répond présent.
La chanson d’ouverture et le plan de je marche sur la route place en quelques secondes le tableau, une chanson, des pas, un souffle. Les points importants sont habilement amenées, chaque étape bien enchainé… la mise en scène de l’idée du livre est remarquable, simple mais redoutablement efficace. Ce livre de Marcel Proust qui passe de main en main et dont les photos restent et sera finalement l’élément clé pour tout…pour ce fameux rouleau… Magique… Les premiers mots tapés respectueux de l’œuvre, jusqu’au dernier mot…Une fois qu’il se retrouve seul Sal / Kerouac aura alors la fureur d’écrire après avoir eu la fureur de vivre avec Dean…
Un grand coup de chapeau d'ailleurs pour les costumes et la déco, un vrai bond dans le temps pour nous spectateurs. Mais surtout un grand bravo à Walter Salles qui attrape la route et la lumière comme personne, certains plans sont sublissimes…Comme ce plan qui nous montre la route et le tableau de bord de la voiture avec le livre de Proust qui avale des kilomètres dans le soleil. Simple mais magique pour moi...
Mais même si Walter Salles nous offre du réalisme servit avec une photo quasi irréprochable, quelques plans peuvent aussi parfois être filmés de façon trop proche et /ou saccadés. La caméra faisant carrément parti du film, tel un personnage de plus qui observerait tout cela. C'est une bonne idée mais c'est aussi parfois génânt...
Un mot sur ce casting épatant et bluffant. Dean Moriarty, personnage complexe est admirablement interprété par l'épatant Garrett Hedlund, Sal plus secret plus discret est lui bien incarné par Sam Riley. Mais j'ai un gros coup de cœur pour ma part pour Tom Surrtidge vraiment excellent en Carlo ! Viggo Morgensen et Amy Adams sont déroutant dans ce couple complètement barré… Kristen Stewart sans suprise est épatante en Marylou, libre et amoureuse... Et enfin Kirsten Dunst seule élément « équilibré » du film est lumineuse en Camille qui cherche à donner un semblant d'équilibre et de vie "normale" à Dean.
Seul gros bémol pour moi, les voix françaises qui ne collent pas vraiment aux personnages de Dean (bien trop mature) et de Sal (pas très chaleureuse). Et un gros fail, ou alors j’ai raté un détail, mais Sal dans la scène d’hôtel avec Marylou a une alliance O_o WTF ?
Alors, même si au sortir du cinéma je me suis sentie abandonné sur la route par ses personnages qui ont poursuivit leurs routes sans moi, je comprends quelques jours plus tard que tout comme Sal et Dean l’abandon fait partie de l’œuvre, chacun sa route, chacun sa liberté d’interprétation. Et si c’était ça la Beat Génération : pointer les choses, mais laisser libre court à ses pensées… Les partager, les échanger mais toujours garder son libre arbitre… Ou alors froidement, simplement être libre mais égoiste…
Et si "sur la route" c'était tout simplement l’histoire d’un écrivain en quête de lui-même et qui se trouve grâce à un jeune homme rebelle dont le mot liberté est tatoué en lui et qui recouvre en fait beaucoup de fêlures cachées? Et si finalement le film était simplement le backstage du roman"Sur la Route"? Avec des scènes parfois sans charme mais réalistes, d'instants chocs, de sexes de drogues, d'expériences et de rencontres diverses et variées. Des scènes qui sans la beauté des mots bien choisis par un auteur de talent peuvent paraître si "gratuites".
Et si Salles avait voulu aussi montrer que Jack Kerouac ai pu enjoliver les choses et les gens par ces mots ? On sait bien que le banal peut devenir beau par des mots bien choisis… C’est une théorie, je ne dis pas que c’est la bonne, mais cela m’a traversé l’esprit. Et rien que pour les questions que le film soulèvent en moi après vision, c'est une réussite.
Partagée donc entre l'impression d'une oeuvre sans fureur de vivre et la vision d'un homme, un écrivain peut-être finalement pas si grand que ça. Rappelons que véritable phénomène de mode, auteur de romans cultes et roi de la Beat génération, Jack Kerouac a fini alcoolique et pauvre à l'âge de 48 ans... Enfin, je me dis qu'il faut surtout que je relise le livre et revois le film...
En bref : Difficile de mettre des images sur des mots. Belle photo, beau casting, mais un scénario et une caméra peut-être parfois un peu trop speed. Mais "Sur La Route" reste ce qu'il a toujours été : une ode à la liberté et une ode à toute une génération des années 50, la beat generation.
Morceaux choisis / Citations :
« Tu vas quelques parts ou tu vas tout court ? »
« J’étais un jeune écrivain qui voulait aller de l’avant»
« Ma vie sur la route »
« - Pourquoi tu tends le pouce toi ?
- pour voyager ! »
« Je sens que ma vie me rappelle »
« Il y a des certitudes que nos esprits n’ignorent pas »
P'tites infos + (source):
Walter Salles prend la route
L'ampleur de ce projet a poussé le réalisateur à s'investir par tous les moyens possibles. En effet, Walter Salles s'est beaucoup documenté sur la vie de l'écrivain Kerouac et sur toute l'époque de la "Beat generation". Il a aussi décidé de prendre la route et de refaire le trajet décrit dans le livre afin de revivre la même chose et d'avoir tous les éléments favorables à la réussite de son adaptation. Le tout a été filmé pour garder les traces de ces découvertes, et a également fait l'objet d'un documentaire intitulé In Search of On The Road. Après son voyage, le cinéaste a conclu que son film ne pourra pas être tourné aux Etats-Unis, c'est pourquoi le tournage de Sur la route a eu lieu au Canada puis en Argentine.
Walter Salles prend la route
L'ampleur de ce projet a poussé le réalisateur à s'investir par tous les moyens possibles. En effet, Walter Salles s'est beaucoup documenté sur la vie de l'écrivain Kerouac et sur toute l'époque de la "Beat generation". Il a aussi décidé de prendre la route et de refaire le trajet décrit dans le livre afin de revivre la même chose et d'avoir tous les éléments favorables à la réussite de son adaptation. Le tout a été filmé pour garder les traces de ces découvertes, et a également fait l'objet d'un documentaire intitulé In Search of On The Road. Après son voyage, le cinéaste a conclu que son film ne pourra pas être tourné aux Etats-Unis, c'est pourquoi le tournage de Sur la route a eu lieu au Canada puis en Argentine.
"Sur la route" ou le projet rêvé
L'adaptation de "Sur la route", le roman de Jack Kerouac, a connu la période de gestation la plus longue dans l'histoire du cinéma. Dès les années 50, l'écrivain lui-même a voulu porter son livre à l'écran avec Marlon Brando et James Dean en tête d'affiche. Le projet a ensuite intéressé Francis Ford Coppola qui a acheté les droits du roman en 1968. Ce dernier a longtemps parlé de "Sur la route" comme d'une grande aventure cinématographique, mais sans réussir à la vivre jusqu'au bout. Il a d'abord pensé réaliser le film avec son fils Roman, puis a fait appel à des réalisateurs comme Joel Schumacher, Jean-Luc Godard ou Gus Van Sant. C'est en découvrant Carnets de voyage que Coppola a pris la décision de contacter Walter Salles.
Le camp Beatnik
Le livre "Sur la route" de Jack Kerouac existe 2 versions : Le rouleau original et la version "allégée" par la maison d'édition de 1957.Dans le cadre de la préparation du tournage, Walter Salles a organisé un "camp beatnik" dans lequel il a réuni tous les acteurs avec des gens qui ont un rapport avec l'histoire du film. Le réalisateur avait déjà tenté l'expérience en 1995 avant le tournage de Terre lointaine. Il explique que "l’idée est d’essayer de créer un collectif avant de commencer un film". Parmi les personnes invitées à ce camp, il y a eu Barry Gifford, un écrivain qui a été très proche de Jack Kerouac, la fille de LuAnne Henderson (Marylou, le personnage de Kristen Stewart), ainsi que le fils de Neal Cassady (Dean Moriarty, joué par Garrett Hedlund). Les acteurs ont affirmé avoir beaucoup appris sur leurs personnages grâce à ces rencontres.
Mais surtout je vous recommande ce sublime guide Collector édité par Le magazine culturel « Trois Couleurs »
Une mine d'informations sur cet oeuvre mythique ! Des archives inédites, manuscrits exclusifs de Jack Kerouac, photos exclusives du tournage, croquis préparatoires du film...
Plus d'info par ici http://noaetsonmonde.blogspot.fr/2012/04/collector-on-road-se-devoile-en-trois.html
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