- en 2 mots : solitude & voyage
- en 1 question : Peut-on vraiment fuir ses sentiments ?
« Celle-là » de Catherine Weinzaepflen… est un livre que j’ai découvert grâce à Masse Critique de Babelio. Attirée par le titre et par le synopsis. Le mystère entourant cette femme m’a intrigué… Que fait elle ? où va telle ? Mais le mystère est vite levé, dès les premières pages on sait qu’elle a fuit la mort de son enfant, elle se cache, elle se terre en forêt, loin de la vie, de sa vie. Comme un retour à l’état animal pour ne plus ressentir les larmes et ce manque. Et pourtant… Il est là en elle, au bord de l’eau, à la frontière d'un autre pays où elle espère laisser la douleur derrière elle. En attendant elle marche droit devant.
On est dans la tête de l’héroïne, un peu folle, un peu perdue qui nous décrit ce qui l’entoure, ses idées, ses émotions… Consciente de son errance et de sa folie, que l’on devine volontaire pour ne pas souffrir. Il est parfois difficile de suivre et comprendre où elle va physiquement et émotionnellement. Mais le sait-elle elle-même ? On assiste impuissant à la description de cette femme qui a renié tout ce qu’elle était pour ne plus souffrir. Elle vivait dans une maison, elle vit dehors. Elle faisait des listes, elle n’en fait plus. Elle lisait beaucoup, elle ne lit plus. Bavarde et entourée, elle est silencieuse et seule. Et puis finalement peu à peu, petit bout par petit bout, elle va se souvenir progressivement de « sa vie normale » comme elle la nomme elle même. Elle va s’autoriser à ressentir, peu à peu. Elle se dévoile peu à peu au détour de ses rencontres. Comme lorsque l'on a peur et que l'on avance doucement. Comme quelques choses que l'on appréhende que l'on regarde ou que l'on touche avec hésitation.
Le rythme saccadé, parfois lourd, voir ennuyeux, est « sauvé » par certaines phrases sublimes. L’auteure est poète et cela se sent. Mais un poète peut-il tenir la distance d’un roman ? Parfois poétique et plein de vérité la plume peut aussi être imbuvable mettant des mots à la file comme on enchaine les idées sans lien véritable entre elles. Des histoires dans l’histoire, des rencontres sans importances. On marche avec elle, à côté d’elle. Elle marche jusqu’à l’oubli mais l’auteure semble aussi oublier le lecteur en route. Zut…
Tout comme ses rêves qui ponctuent la lecture. Des rêves décousus qui n’ont ni queue ni tête et ni sens, ni aide. Des rêves qui sont d’ailleurs retranscrit à la file, sans point, ni virgule. Libre et sans sens, comme les rêves. C’est un véritable exercice à lire. Sans métaphores ou alors que je n’ai pas saisi, ils n’embrouillent qu’un peu plus la lecture mais renforce la folie de Loreleï…
Une histoire profondément triste, qui a aussi pour toile de fond, le voyage et l’Histoire des pays qu’elle traverse. L’Allemagne, la Pologne, la Russie… Des pays marqués par la guerre, marqués par l’Histoire.
Malheureusement ou heureusement ?, c’est avec un sentiment d’inachevé et de soulagement pour elle comme pour moi que je termine ma lecture. Tel Loreleï je suis soulagée de cette fin, de cette fin de route. Si c’est la volonté de l’auteure alors bravo c’est réussi. C’est vrai que malgré tout elle ne m’a pas perdue en route. Mais est ce pour autant une écriture efficace ? Peut-être… Chacun ses goûts, chacun son univers…
4/10
En bref : Une histoire triste qui nous mène dans le quotidien de Loreleï, marquée par le drame de la perte d’un enfant. Qui va tenter dans l’oubli et la fuite d’oublier ce qui est et qui elle est. Un voyage qui se révèle être une route vers la vie… Entre lenteur et folie, on peut facilement perdre le fil…
« Autrefois je me demandais si continuer était négatif ou positif. La question était mal posée : continuer peut vous enfoncer dans l’erreur comme ça peut demander du courage. »
« J’aurais pu écrire un journal, y consigner la chronologie de mes journées mais l’histoire des vies est fausse, les événements ne se succèdent pas ils se mêlent. »
« Si peu de phrases qui circulent entre les êtres ont du sens. Comme j’aimais cette aventure qu’est la conversation… »
« Pourquoi se réveille-t’on soit ancré, soit sans repère ? »
« Il faut de la solitude pour se dépendre des moules dans lesquels on nous a plié, enfant. »
« Ce sont des choses infimes qui activent les aiguillages de nos vies. »
" le laisser faire surtout, le laisser être. »
« La clémence du temps me remet au monde. »
« - Loreleï, d’où viens-tu ?
- d’un malheur.
- Je sais. »
«Quand on a pris la décision de partir, on a beau être encore, on n’y est déjà plus. »
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