SND
En quelques mots : Alice à la trentaine, elle est célibataire, fan de Woody Allen, pharmacienne et elle soigne ses clients à coup de médicament, mais aussi de DVD. Les films de Woody Allen sont pour elle, les réponses à toutes ses questions et attend avec patience son prince charmant en vivant par procuration le bonheur conjugale de sa sœur et de son beau-frère. Lors d’un dîner elle rencontre Victor, quarantenaire divorcé et cynique qui n’attend plus rien de l’amour alors qu'elle en attend tout...
En deux mots : rencontre & maximum
En une question : La vie comme des films ou les films comme la vie ?
Ok ce n'est pas une adaptation mais un vrai coup de cœur cinéphile c'est toujours bon à partager non?
Et puis les petites comédies romantiques françaises, telle cette petite pépite, sont assez rare pour avoir envie de les mettre en avant…Donc juste pour que vous ne passiez éventuellement pas à côté au ciné, un petit billet pour vous dire tout le bien que j'en pense...
Sophie Lellouche signe ici avec "Paris-Manhattan" son premier long métrage en tant que réalisatrice et scénariste svp ! Et elle nous offre une bien jolie comédie romantique comme je les aime : de l'amour, de l'humour et des repliques percuttantes !
Alice, admirablement joué par Alice Taglioni, est une jeune femme à la fois pleine de doutes et sûre de ce qu'elle veut et de ce qu'elle ne veut pas. Pleine d’habitude et de clichés, elle vit entouré des objets de son adolescence : kiki, bambi, photos collector des moments qui ont marqués sa vie… Elle collectionne les boules de neige, voit tous les films de Woody Allen et écoute de la musique jazzy… Le portrait est rapidement brossé, mais il nous est plus ou moins raconté ainsi, (trop) rapidement et pas forcément crédible. Passé 10 ans l'air de rien avec juste avec un changement de look n'est pas chose aisé. Mais Alice s'en tire elle plutôt bien, en tout cas mieux que les personnages qui l'entoure même si concrétement ils sont tous vraiment plus beaux aujourd'hui. Normal en même temps... Bref, vrai garçon manqué au départ, Alice se fait ultra féminine au fil des années. Une seule chose ne change pas, c'est une incurable romantique, ultra midinette dans sa vie amoureuse, elle attend LE grand amour ou tout du moins le moment, l’évidence qui lui dira que c’est LUI le bon. En attendant, elle dialogue avec le poster de Woody Allen et son père fait des castings pour la caser.
Après un début un peu difficile, je l'ai dis les changements d’époques (10 ans) n'apportent pas grand chose, j’avoue me faire très vite attraper par les répliques et échanges savoureux entre les personnages ou encore les monologues d'Alice qui sont vraiment très soignés et percutants. Voir excellentissime ! Vraiment savoureux et d’une efficacité redoutable. Des vrais joutes verbales par moment entre ses deux personnages qui ne partagent pas du tout la même vision des choses et de la vie. Pour elle tous les problèmes peuvent trouver une solution dans les films, qu’elle prescrit d’ailleurs à ses clients à la pharmacie familiale, alors que lui est profondérement ancré dans le présent et la réalité. Je dois dire que l’humour de Victor fait vraiment mouche sur moi, cynique et drôle à souhait. Patrick Bruel joue d'ailleurs un Victor très convaincant, simple, naturel et l'oeil charmeur et pétillant.
Je suis sûrement un public « facile », mais j’ai vraiment éclaté de rire sur certaines répliques et situations. Comme la scène où cachés dans le lit ils écoutent malgré eux les échanges des parents sur leurs comptes. Sincèrement le duo que forme Alice et Patrick, pardon Victor ! est vraiment très attachant. Le concept du "Les opposés s'attirent..." est ici bien exploité. Là où il ne croit pas au bonheur, elle ne croit pas au malheur... Même si c’est pour moi c'est un couple complètement inattendu, Patrick Bruel est vraiment juste dans le rôle de Victor, son naturel fait merveille et Alice Taglioni est tout aussi sincère et pétillante, même si les textes peuvent parfois paraître un peu théâtralisés…
Un mot d'ailleurs sur le reste du casting qui est tout aussi bon avec Michel Aumont et Marie-Christine Adam vraiment excellents qui incarnent parfaitement leurs rôles. Michel Aumont en converse quand même ♥. Marine Delterme fait elle ce que je l'ai toujours vu faire, un poil prétentieuse mais touchante, son mari Louis-Do de Lencquesaing est juste mais sans plus ni moins. Yannick Soulier en revanche me deçoit un peu mais je pense que c'est vraiment lié à son rôle pas franchement très sympathique et séduisant...ce slow m'a tué (c'est quoi cette pose?^^).
Vraiment ce slow est tellement ridicule entre Alice et le copain de son beau-frère, sincèrement mais c’est quoi cette pose ? Et puis la scène du chloroforme, était ce bien nécessaire? et surtout, surtout ce braqueur du dimanche ? Juste pourquoi ? Sans oublier ce passage du « je fais pipi quand je suis au téléphone », je n’ai jamais compris comment on pouvait faire ça, sans déconner ? Et encore moins du coup pourquoi le filmer…
Mais malgré ces bémols, "Paris Manhattan" reste surtout un film sympathique où l'on ne pense à rien d'autre que ce qui se passe devant nous. On sourit à la vie, à l'espoir qu'il sous entend... L'amour n'est jamais loin... Mon coeur de midinette dit oui !
L'histoire est certes couru d'avance et assez prévisible. On est d’accord on imagine très bien la fin dès le début du film mais le chemin pour y arriver est vraiment sympathique et la petite heure et 17 minutes du film passent à toute vitesse… Et puis j'ai envie de dire oui on devine la fin mais et alors? c'est bien aussi de se dire, "j'aimerais que cela se passe ainsi" et que cela arrive, non? Parfois juste ce laisser porter par une jolie histoire sans chercher plus loin, ça fait du bien...
Des clichés? oui le film est plein de clichés, mais ça a aussi du bon les clichés non?, ils sont beaux aussi, l’amour, le couple, les couples qui dansent, les tromperies, les surprises, les réveils à la vie, aux autres… La chanson qui rappelle l’autre à l’autre… Bref on aime ou on aime pas, mais vraiment on ne peut renier la qualité des dialogues délivrés par un casting sympathique. Un bon film du dimanche pour celles et ceux qui veulent se divertir l’air de rien et découvrir peut-être l’univers de Woody Allen. Qui fait un clin d’œil des plus sympathiques dans cette production française. La scène où il est présent est délicieuse…
Mais et si finalement ce film n'était pas aussi simple qu'il n'y parrait?
Et si il pointait du doigt, les petits bonheurs de la vie que l'on ne prend pas le temps de prendre, si il montrait que cotoyer sa famille ce n'est pas forcément la connaître vraiment, si il pointait du doigt les préjugés idiots que l'on peut avoir?....
On voit bien qu'Alice se voile la face sur ses choix, sa famille... Oui les vérités sont dites, mais avez vous notez qu'elles étaient soit faites dans le noir lors de la coupure de courant ou soit par un Victor qui pense que tout est déjà dit? Et qui découvre alors que l'on peut encore être surpris par la vie...
Les relations familiales d’Alice sont chacune à leur manière importante et vont bien au-delà des apparences du départ… Des moments partagés qui sont pour certains touchants et émouvants, comme la complicité entre sœurs ou tata/nièce ou Alice et son père…
Un petit grand film qui se révèle bien plus profond qu’il n’y parait. Un film sur les apparences justement, sur ce que l’on veut voir des autres ou pas, ce que l’on attend d’eux et sur ce que la vie peut nous réserver pour le peu que l’on s’ouvre vraiment à elle.
Pour finir ce déjà long billet, juste vous dire mes deux coups de coeur : le plan miroir/poster (vous comprendrez en voyant le film) qui est vraiment superbe ! Typiquement le plan plein de sens que j’adore !
Et après le « t’es opé ? » de Jacques Audiard dans « De Rouille et d’Os », je note le « c’est ton maximum ? » qui pourrait bien devenir une réplique à la mode…
Un film donc a multiple lecture : la famille, le bonheur, l’amour, les apparences, les choix, réalité et rêves….mais surtout un film qui fait bon voir pour se rappeler que le cinéma c'est aussi juste passer un bon moment et s'échapper de son quotidien sans passer par des films futuristes, violents ou de haute philosophie... "Paris-Manhattan" est avec "Un Bonheur n'arrive jamais seul" la preuve que le cinéma français peut nous refaire des belles comédies romantiques à la sauce "Made in France" !
J’aurais bien aimer retrouvé Alice et Victor dans un livre. Pour en savoir un peu plus, pour les retrouver. Ce n’est un secret pour personne qui lit mon blog j’aime voir les histoires et les personnages prendre vie en images, mais j’aime aussi redécouvrir une histoire par des mots. Ce n’est pas le cas ici tant pis, tout vient de l'imagination de Sophie Lellouche dont je vais assurément suivre la suite de ses aventures au cinéma !
En bref : “ Un film attachant qui parle a mon coeur de midinette. Dialogues excellents, percutants et savoureux délivrés par un casting sympathique. ”
Morceaux choisis / Citations :
« Tu as l’air si triste qu’on ne voit même plus à quel point tu es jolie. »
« Rien ne dure, l’amour moins que le reste »
« Cette petite à l’instinct de survie »
« -Au moins je tente la ballade.
- elle ne vaut que si on la fait à deux »
« Je ne suis pas certaine d’être heureuse avec ton bonheur. »
« J’aime bien l’idée de la grand-mère dans le salon »
« Les dieux ça n’aiment pas, ça laisse juste aimer. »
« C’est votre maximum ? »
« J’adore quand vous m’engueulez »
« Les rêves sont banals, la réalité propose mieux.
-mes rêves sont peut-être banale mais moi j’y crois »
PS : Et j’ai une question, est ce que jai bien vu un bactracien ou extra-terrestre sur la commode de la chambre des parents d’Alice ? Enorme clin d’œil, si c’est le cas, j’aime bien l’idée ! (moi je regarde vraiment des détails ? meuh nannnnnnnnn), Z’avez vu que le père d’Alice (Marcel Amont)à est en converse lorsqu’il joue les détectives ?
P'tites infos + (source):
Premier long métrage
Sophie Lellouche, la réalisatrice et scénariste de Paris-Manhattan, a réalisé un premier film en 1999, le court métrage Dieu, que la nature est bien faite ! qui mettait en scène Gad Elmaleh. Paris-Manhattan est son second film et premier long métrage. Il a donc fallu attendre treize ans pour la retrouver derrière une caméra.
Invité de marque
Le 2 avril 2011, pour le premier jour du tournage de Paris-Manhattan, l'équipe a accueilli un invité de marque. En effet, Woody Allen a accepté de jouer son propre rôle dans le film et a passé une heure sur le tournage aux côtés dePatrick Bruel et Alice Taglioni.
Sophie Lellouche sur ses personnages
La réalisatrice et scénariste Sophie Lellouche revient sur le caractère de ses personnages : "Victor (Patrick Bruel) est plus mature, plus expérimenté et finalement plus sage qu’Alice (Alice Taglioni). Pourtant, l’esprit de liberté de cette jeune femme l’émeut, lui qui se montre pessimiste et assez fataliste. (...) Alice est à la fois normale et authentique, c’est cette authenticité qui fait son originalité. Il va lui apporter un passage à la réalité et elle va lui apporter cette réalisation dans l’authenticité."
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