mercredi 29 août 2012

[Cinéma] "Du vent dans mes mollets" de Carine Tardieu


« Du vent dans mes mollets » de Carine Tardieu
Chez Gaumont


En quelques mots : Rachel à 9 ans, elle grandit comme elle peut entre récriminations de ses parents qui passent leurs temps à souligner leurs propres enfances, une grand-mère originale et une maitresse d’école pas très sympathique. Le jour de la rentrée des classes elle va rencontrer Valérie, une petite fille délurée et un peu garce avec qui elle va partager une année scolaire et grandir un peu plus… 

  • En deux mots : enfance & souvenirs
  • En une question : C’est dans le regard des autres que l’on se découvre le plus ?

SPOILER MINIMUM

Adaptation du livre éponyme de Raphaële Moussafir, « Du vent dans les mollets » de Carine Tardieu est un film qui nous bouscule, adulte, dans notre quotidien pour nous replonger dans notre enfance. Enfin surtout pour tous les trentenaires comme moi. Dès le début le sourire et les souvenirs surgissent. La machine à écrire « Petite internationale », E.T. a qui il manque un bras (j’ai le même et au mien aussi il manque un bras !), l’assiette Sarah K… Rachel est née en 1973 et à aujourd’hui (dans le film) 9 ans, alors son environnement me parle…Le générique est d’ailleurs très beau, tout en dessins animés qui m’ont rappelé Mafalda… Mais je m’égare…Le film réveille donc l’enfant qui est en nous et parle très simplement aux enfants du même âge que l’héroïne…

« Du vent dans mes mollets » est un film où l’on découvre le quotidien de Rachel, une petite fille de 9 ans qui grandit comme elle le peut, entourée de parents pas toujours très complices, une grand-mère qui partage sa chambre, une maitresse d’école qui la prend en grippe dès la rentrée des classes. Mais heureusement au milieu de tout cela, Rachel rencontre Valérie, une petite fille de son âge, délurée et pleine de vie avec qui elle va partager une amitié inoubliable…

Le casting est merveilleux et offre une dynamique à l’histoire vraiment unique. Les petites filles, que ce soit Juliette Gombert ou Anna Lemarchand sont adorables et garces à la fois. On rit parfois franchement aux éclats avec elles. La complicité des petites filles, les « spectacles », leurs tentatives de faire comme les grands sont vraiment bien filmés et leurs ententes fait plaisir à voir. Un petit régal. Agnès Jaoui est parfaite en mère et femme aimante et maladroite. Sa relation avec Rachel est très émouvante dans sa façon de l’appeler pois chiche mais en lui communiquant ses névroses sans même sans rendre compte. Denis Podalydès est très touchant en mari maladroit qui réalise qu’il n’aime qu’une seule femme et Isabelle Carré est pleine de fraicheur et de sincérité. Enfin, Isabella Rosselini est exemplaire en psy mi sympathique, mi rigide. Au-delà du casting, il faut ajouter au film un sens du détail délicieux, aussi bien dans les décors ou les costumes, qui nous offrent un vrai bond dans le temps.

Mais je dois dire que bien que je sois allée au cinéma extrêmement confiante, le livre lu et sachant que Raphaële Moussafir était co-scénariste, au final je suis très partagée. L’adaptation est là, les passages clés aussi, la trame, le message du livre, mais à mon sens la parole n’est pas assez donnée à Rachel. Et puis, encore une fois, ici, nous avons droit à un changement de prénom d’une de nos héroïnes. Valérie s’appelle dans le livre Hortense… Je crois que je ne comprendrais jamais les raisons du pourquoi… Mais bon, au-delà des prénoms, je suis d’accord il fallait bien étoffer l’histoire et franchement quelle bonne idée que de mettre l’accent sur ses parents, en développant une histoire parallèle pleine de sens. Mais pourtant si je ne pense qu’à l’adaptation du livre il me manque la complicité de Rachel et sa grand-mère, il me manque le cheminement de Rachel pour apprécier Mme Trebla, il me manque l’unique vision de cette petite fille et la compréhension subtile du pourquoi elle dort avec son cartable… Mais heureusement et c’est peut-être le plus important, si je fais abstraction du livre, l’histoire fonctionne vraiment très bien.

« Du vent dans mes mollets » est une petite pépite de cinéma sur l’enfance. Bouleversante histoire de petites filles qui apprennent à grandir chacune à leur façon. Comme elles le peuvent. Bouleversant les liens qui unissent chacun de ces personnages. Deux familles bien différentes mais qui pourtant s’aiment très fort à leurs manières. Les relations mères / filles exposées ici sont très bien exprimées et pleine de délicatesse. Pleine de non dit pour Colette et sa mère, étouffante et maladroite pour Colette et Rachel et enfin libre et sincère pour Catherine et Valérie… Les dialogues vraiment très bons. Mêlant répliques piquants et drôles à celles plus douces et pleines de bons sentiments.

Cependant, même si la fillette qui est toujours en moi a beaucoup aimé, l’adulte que je suis un peu moins… Pourquoi ? Parce que par moment ce film fait des tentatives qui ne sont pour moi pas très heureuses. Les passages à la caméra super 8 me touchent profondément et sont vraiment magnifiques, ils soufflent un petit vent nostalgique mais ils arrivent toujours comme un cheveu sur la soupe. A chaque fois je me suis demandée, pourquoi à ce moment là ? pourquoi ici ? pourquoi comme ça ? Pas de véritable lien entre eux à la première vision du film en tout cas. Ou alors peut-être les plus forts souvenirs de Rachel et Valérie ? j’ai un doute… Mais surtout mon gros WTF (oui moi aussi je fais comme eux, je parle anglais), c’est justement l’anglais utilisé ici et là, enfin le franglais. Sans aucun sous-titre… Ca y est tout le monde parle anglais ? Et bien non… en tout cas pas ma voisine de ciné… Alors certes, je suis tatillonne. C’est vrai que c’est bien pratique pour ne pas se faire comprendre de son enfant, c’est vrai que leur franglais à l’accent parisien est vraiment très sympathique pour ceux qui maitrise la langue, mais cette anglicisme quasi systématique me fait mal à mon français et je pense toujours à ma mère et ma grand-mère qui ne parlent pas un mot d’anglais et qui ratent une facette comique du film…

Mais en fait, non mon plus gros WTF revient à cette scène où Agnès Jaoui se retrouve nue dans un placard ? Vraiment ?
Cette touche délurée vraiment m’a perdue et encore plus celle voulant illustrer une scène de sexe. Gros délire, mais qui pour moi n’a pas eu de résonance. Ou l’on opte pour le côté décalé ou pas du tout non ? si il y en avait eu d’autres je ne dis pas, mais c’est la seule scène « métaphorique » dont le summum réside donc en Agnès/Colette nue dans l’herbe cachée dans le placard, ok, Agnès Jaoui est très belle, mais pourquoi ? parce qu’elle renait à l’amour ? Bon peut-être que cela mériterait de le revoir une seconde fois pour tout percevoir.

Enfin catégorie déception : Dommage que la phrase clé du titre du film n’est pas été respecté…

Fort heureusement tout vient se faire balayer par quelques plans magiques dont le tableau de test de lecture dans le cabinet d’ophtalmo de Colette la mère de Rachel ou la musique magique de « la Boum » si emblématique, ou même la scène du film que partage Colette avec un de ses patients, les gros mots et le fou rire d’Agnès Jaoui / Colette devant le directeur. Les énormes et vieux téléphones, les voles au vent, les feux rouges, le Club Barbie, la dictée magique, les patins à roulettes à sangles, l’effaceur, les ballons d’anniversaire Mobalpa… Délicieux tout cela… De plus Carine Tardieu et Raphaële Moussafir réussissent avec brio à nous rendre Rachel et Valérie profondément touchante dans leur côté peste. Et extrêmement attachantes dans le lien qui les unis toutes les deux très rapidement et spontanément. Elles abordent avec « Du vent dans les mollets » avec beaucoup d’humour, de tact et de justesse la difficulté de grandir et de s’apercevoir que le mot « toujours » et les souvenirs peuvent vite prendre un tout autre sens. Mais aussi que l’amour des autres même si il ne s’exprime pas verbalement peut-être par des gestes et des attitudes tout aussi fort. La scène de Denis Podalydès/Michel lorsqu’il parle des boulettes de viande de Colette m’a bouleversé…Ou celle où Rachel qui câline le petit garçon qu’était son père…

Le dernier plan est parfaitement efficace, magique…Cette marche arrière…Et Rachel qui s’inquiète de ses souvenirs d’adultes. Tout ce que j’aime, les souvenirs, le passé, la magie de l’enfance…Et cette chanson de Barbara… Tout comme le reste de la salle ce jour là, je reste scotchée sur mon siège, cherchant à sécher les quelques larmes que l’on n’aura pas pu retenir…

Définitivement voir le film et lire le livre ensuite…


En bref : Un film comme un souffle agréable mais qui au fond bouscule notre enfance et nous tire une larme… Les petites filles sont épatantes, les adultes tout autant. Une histoire qui nous rappelle que l’enfance fait grandir parfois un peu trop vite. Mais surtout qu’il conditionne profondément notre demain.


Morceaux choisis / Citations :

« votre tête elle est tout froissée »

« L’ennui est un luxe »

« C’est toute votre enfance qui entoure la mienne »

« I have même pas peur »

« Valérie aussi elle est trop petite »

« C’est pas chez moi, c’est chez papa et maman »

« Y a tout de même du vent qui souffle dans mes mollets »


P'tites infos + (source): 

Le hasard fait bien les choses
Lorsque Carine Tardieu raconte la genèse du projet, on se dit que le hasard fait bien les choses ! Après avoir reçu en cadeau la bande dessinée "Du vent dans mes mollets" de Raphaële Moussafir, la cinéaste a ainsi eu un coup de cœur pour l'univers artistique de l'écrivain. C'est par hasard que les deux femmes se sont rencontrées au salon du livre, avant d'apprendre que des producteurs, intéressés par l'idée d'adapter la bande dessinée à l'écran, avaient justement pensé confier le projet à Carine Tardieu ! Pour couronner le tout, Raphaële Moussafir a elle aussi éprouvé un véritable émerveillement pour le travail de la réalisatrice en voyant son premier long, La Tête de maman. Toutes ces heureuses coïncidences aidant, les deux artistes se sont tout de suite bien entendues et ne se sont plus quittées !

Une comédienne chevronnée
Raphaële Moussafir est certes écrivain, mais également comédienne. Elle a ainsi adapté son propre roman sur les planches, interprétant tour à tour chacun de ses personnages, de la fillette à la grand-mère en passant par les parents ! Un exercice difficile qui prouve à quel point l'écrivain est attachée à cette histoire, "son histoire". Aux vues de la volonté farouche dont cette dernière a fait preuve pour garder la main sur son œuvre jusqu'au bout, la réalisatrice Carine Tardieu confie avoir consulté l'auteure au cours de toutes les différentes étapes de la production, notamment concernant le choix des acteurs. Comme le précise la cinéaste : "Il n’était pas question que je propose le film à un comédien qui aurait semblé rédhibitoire [à Raphaële]"



Mon avis sur le livre : "Du Vent dans mes Mollets " deRaphaël Moussafir

http://noaetsonmonde.blogspot.fr/2012/08/livre-du-vent-dans-mes-mollets-de.html

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